Un événement d’une telle ampleur ne serait pas réellement britannique s’il ne mobilisait pas les bookmakers, ces officines où tout et chacun prend plaisir à parier sur tout et à peu près n’importe quoi. Pour l’occasion, les bookmakers se sont dépassés et on peut parier sur à peu près tout ce qui concerne le mariage de Kate et William. La couleur du chapeau que portera la reine Elizabeth ? Jusqu’ici, le jaune tient la corde. La longueur de la traîne de la robe de Kate ? Deux mètres quarante, misent ceux qui pensent que la tenue de la mariée ne sera pas (trop) ostentatoire.
Le grand-père du marié, le prince Philip, va-t-il s’offrir un petit roupillon au moment crucial de l’échange des consentements et de combien de minutes sera le retard de Kate à l’abbaye de Westminster ou encore combien d’années durera le mariage ? A cette interrogation, les pessimistes ou les réalistes misent sur dix ans. Ce délicieux frisson des pronostics déborde largement le Royaume-Uni ; selon un des plus célèbres bookmakers londoniens, plus de 100 000 joueurs ont enregistré leurs mises depuis plus de 80 pays dans le monde engageant ainsi plus d’un million de livres.
Pour quelques dizaines de millions
Le million de livres engagé par les parieurs fait cependant bien piètre figure à côté des dizaines de millions que devrait coûter le « mariage du siècle ». La note devrait en effet être salée entre les 1 900 invités, les banquets, le bal, la procession en carrosses au cœur de Londres, sans oublier le dispositif policier destiné à assurer la sécurité de tout ce beau monde. Comme pour n’importe quel mariage, les deux familles se sont entendues pour partager les frais, sauf qu’ici il convient d’ajouter quelques zéros au bas des factures. A la famille de Kate Middleton, roturière certes mais loin d’être sur la paille, revient l’achat de la robe (environ 33 000 euros) qui devrait être plus « discrète » assure la presse people que celle de la princesse Diana, ombre tutélaire de la célébration. En ajoutant la location de quelques chambres au Goring, un luxueux hôtel londonien, pour la dernière nuit de célibataire de leur fille, ainsi que le voyage de noces à la destination encore secrète, les Middleton s’en sortiront avec une addition d’environ 113 000 euros.
Pour les Windsor, la facture pèsera bien plus lourd entre les réceptions, (Charles, le père du marié, se charge du dîner suivi d’un bal à Buckingham pour 300 personnes), et le déjeuner de 650 couverts concocté par 21 cuisiniers, offert par la reine et dont le menu est rédigé en français, tradition oblige. Interrogée, Elizabeth II a d’ailleurs refusé de dévoiler le coût total du mariage estimant qu’il s’agissait là d’une « affaire privée ». C’est peut-être un peu vite dit surtout quand on sait que les festivités, évaluées à environ 33 millions d’euros, seront pour les deux tiers imputés au contribuable britannique. Ce dernier aura à sa charge les quelque 5 000 policiers et militaires chargés de sécuriser le cœur de Londres, les badauds massés sur le parcours comme la famille royale et ses prestigieux invités. Le 29 avril ayant été décrété jour férié, le salaire versé à tous ces agents pèsera d’autant plus lourd. Un jour férié particulièrement apprécié par bien des Britanniques qui se sont ainsi offerts un pont « royal » entre les fêtes pascales et le mariage, cumulant onze jours de congé. Un « cadeau » que n’a plus les moyens de s’offrir la Grande-Bretagne, remarquent quelques économistes. De son côté, la Confédération patronale britannique évalue à 7 milliards d’euros le manque à gagner induit par cette générosité toute monarchique.
Un incertain retour sur investissement
Selon une étude du Centre de recherche britannique sur la consommation, le mariage de William et de Kate devrait néanmoins générer un bénéfice. A la perspective des milliers de touristes attendus dans la capitale, hôteliers et restaurateurs se frottent les mains. Les marchands de souvenirs ne sont pas en reste et il y a déjà quelques mois que leurs étals sont fin prêts pour l’assaut des amateurs. Tout ce qui se fait de mieux en Chine en matière de chope dorée, d’assiette à soupe, de porte-clés et même de réfrigérateur est proposé garni des portraits à la mine réjouie de William et Kate. Sans oublier la bière Kiss me Kate et les préservatifs « king size » dûment siglés, le livret de tricot pour réaliser son propre mariage princier… Dans la précipitation des bonnes affaires à réaliser, une société chinoise de Canton a même confondu la photo du prince Harry avec celle de son frère William sur une jolie tasse à thé qui n’a même pas été retirée du marché. Avis aux collectionneurs !
Pour les spécialistes, la vente de ces produits dérivés devrait rapporter autour de 230 millions d’euros. Pour Buckingham Palace il y a cependant les « souvenirs officiels » et les autres. Créés pour le jubilé de la reine Victoria en 1887, les « officiels » sont les seuls à pouvoir arborer les armoiries et devises royales et sont censés rester « de bon goût et exempts de publicité ».
Enfin William et Kate ont dû comme n’importe quels fiancés sacrifier à la tradition de la « liste de mariage ». Mais, évidemment, on peut imaginer que le jeune couple dispose de tout le nécessaire et le superflu imaginables. Pour couper court au risque d’être submergés par des cadeaux d’admirateurs, ils ont simplement suggéré aux « personnes souhaitant offrir un cadeau » de choisir parmi 26 organisations non gouvernementales celle à qui elles peuvent faire un don. Le site internet créé pour l’occasion accepte les versements en six devises.