De notre correspondante à Londres
Le couple rayonnant apparaît à peu près partout aujourd’hui en Grande-Bretagne. Déjà mardi midi, quelques minutes à peine après avoir activé leur « breaking news », le bandeau qui annonce les urgents, les télévisions d’information en continu avaient envoyé leurs hélicoptères tournoyer au-dessus de Buckingham Palace. Heureusement la conférence de presse et la première interview de William et Kate le soir même a permis à des rédactions aux anges d’alimenter leurs pages et cahiers spéciaux du lendemain matin. Toute la presse britannique a d’ailleurs joué le jeu, y compris le quotidien pro-républicain The Independent qui même s’il n’a pas placé la nouvelle en Une, a pourtant consacré plusieurs pages intérieures au futur mariage royal.
Les autres journaux n’ont pas, eux, boudé leur plaisir et s’en sont donné à cœur joie pour saluer un événement tant attendu. « On y est enfin arrivé, chéri », titre ainsi le Daily Mail, allusion à la longue romance entre les deux jeunes gens, qui se sont connus sur les bancs de l'université en 2001. « Les nouveaux romantiques », n’hésite pas à titrer le très sérieux Times, en référence à la bague offerte par le prince William à sa fiancée, un saphir entouré de diamants que son père, le prince Charles, avait offert à Lady Diana en 1981. « C'est un moment étincelant pour l'histoire de la royauté et un hommage touchant d'un fils à sa mère adorée », poursuit le journal populaire Daily Mirror, qui a choisi une photo du couple où Kate Middleton regarde fièrement sa bague.
Qui va payer la note ?
« Avec la bague de maman, je t'épouse », commente l’autre grand tabloïd The Sun, qui met en parallèle en Une une photo des futurs époux prise mardi et une des parents du prince William, prise le jour de l'annonce de leurs fiançailles. Sur les deux clichés, les deux femmes posent en robe bleu roi, assortie à leur bague. Une comparaison qui amène d’ailleurs de nombreux journaux à s’attarder sur les origines de Kate Middleton, « une roturière », qui pourrait devenir un jour reine. Pour le Sun ces origines sont une belle opportunité : « William et Kate nous permettront d'adapter la monarchie au 21e siècle », estime le journal avant d’ajouter : « Il n'y a pas très longtemps encore il aurait paru impossible pour la fille d'une ancienne hôtesse de l'air de devenir un jour reine d'Angleterre. Aujourd'hui, c'est la réalité et cela démontre que la Grande-Bretagne est en train d'en finir avec un snobisme basé sur les classes sociales ».
De son côté l’éditorialiste du Times remarque d’ailleurs qu'« il y a des moments comme celui-ci où la monarchie se renouvelle. Kate Middleton est certes une roturière mais elle a montré une dignité et un courage peu communs dans sa décision ». Avec plus de réserve et gardant la tête froide, le quotidien de centre-gauche The Guardian, insiste, lui, sur le moment choisi pour l'annonce de ces noces: « Un mariage royal en période d'austérité », peut-on ainsi lire en Une. Une référence au plan de restrictions budgétaires radicales annoncé en octobre par le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron et qui n’épargne pas Buckingham puisque le budget de la famille royale va être amputé de 14% dans les 5 ans à venir.
Les médias et les britanniques se demandent déjà en effet qui va payer la note, la famille royale seule ou avec l'aide plus ou moins importante des contribuables ? Question qui a tout de suite conduit un porte-parole de la famille royale à assurer que les futurs mariés « seront soucieux de la situation économique ». Lucides, les commentateurs tablent d’ailleurs sur un mariage « sobre », qui ne devrait pas ressembler aux noces fastueuses des parents de William trente ans plus tôt en 1981. Qu’importe, conclut plein d’espoir le Daily Telegraph, ce mariage « remontera le moral » d’une Grande-Bretagne « en pleine déprime », redonnant toute sa vigueur à l’exclamation des sujets de Sa majesté : « Rejoice ! ».