Soumise aux attaques incessantes des spéculateurs et incapable de se refinancer sur les marchés internationaux, la Grèce n’a pas eu d’autre choix, il y a un an, que celui de se tourner vers ses partenaires de la zone euro pour éviter une banqueroute. Et c’est en échange de coupes budgétaires drastiques, d’un plan d’austérité draconien et d’importantes réformes structurelles âprement négociés avec la Commission, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, qu’Athènes a pu bénéficier de prêts pour un montant global de 110 milliards d’euros.
A ce jour, 53 milliards d’euros ont été versés en plusieurs tranches, chacune précédée d’une mission d’évaluation dont l’objectif est de vérifier l’état d’avancement de l’assainissement des comptes grecs. Mais un an après l’appel à l’aide lancé par Athènes, le pays est loin d’être sorti d’affaires et de plus en plus d’experts jugent aujourd’hui inévitable une restructuration de sa dette.
Mais la Grèce n’est pas un cas isolé dans la zone euro. D’autres pays se sont en effet résignés, ces douze derniers mois, à accepter un plan de sauvetage. Ainsi à l’automne dernier, c’était au tour de l’Irlande de faire appel à l’Europe et au FMI pour renflouer son secteur bancaire menacé de banqueroute. Dublin a obtenu une aide 85 milliards d’euros qui semble cependant aujourd’hui insuffisante tant la situation des banques reste toujours préoccupante. Les autorités irlandaises estimaient ainsi fin mars 2011 que le secteur aurait besoin de 24 milliards d’euros supplémentaires pour être renfloué.
Un arsenal contre les attaques spéculatives
Plus récemment, c’est le Portugal qui a été contraint de baisser les bras et d’appeler à l’aide. Depuis le début de la semaine, des représentants de l’Union européenne, de la BCE et du FMI sont à Lisbonne pour négocier le montant –certains experts évoquent 80 milliards d’euros d’aide– et surtout les conditions d’octroi de ce nouveau plan de sauvetage financier qui doit impérativement être conclu d'ici la mi-mai. Le Portugal doit en effet rembourser d'ici le 15 juin prochain près de 5 milliards d'euros de dette, une échéance qu’il n’a pas aujourd’hui les moyens d’honorer. Plus préoccupant, d’autres pays, confrontés à des situations budgétaires délicates ou à un endettement trop important, comme l’Espagne ou la Belgique, pourraient également se retrouver dans la ligne de mire des marchés et être contraints d’avoir recours à des plans de sauvetage.
Un an après l’appel à l’aide lancé par Athènes, la crise de la dette est donc loin d’être terminée. Pourtant, les Européens se sont mobilisés au cours de ces douze derniers mois pour mettre en place tout un arsenal destiné à protéger leur monnaie des attaques des spéculateurs. Ils ont ainsi réussi à s'accorder sur la mise en place d'une sorte de fonds monétaire européen, le fameux Mécanisme permanent de stabilité (MES) qui pourra voler au secours des pays les plus fragiles qui ne parviendraient plus à emprunter à des taux raisonnables sur les marchés.
Ce mécanisme, qui doit remplacer mi-2013 l'actuel Fonds européen de stabilité financière (FESF) mis en place le 9 mai dernier, permettra de mobiliser jusqu'à 500 milliards d'euros de prêts. Il pourra surtout acheter les obligations souveraines des pays en difficultés. Ce mécanisme s'accompagne par ailleurs de mesures destinées à améliorer la convergence des politiques économiques des pays de la zone euro qui s'engagent ainsi à réduire leur déficits, à couper dans les dépenses publiques et à pratiquer la modération salariale.
Mais cette stratégie, dont l'objectif est clairement de calmer les marchés, a un coût social important. Elle a notamment alimenté la grogne dans de nombreux pays européens et installé l’euroscepticisme.