Les journalistes turcs dans la rue après l’arrestation de dix d’entre eux

Après l’arrestation de dix journalistes pour des raisons encore incertaines, des milliers de leurs confrères ont manifesté dans les rues d’Istanbul et d’Ankara ce vendredi 4 mars 2011. Les slogans appelaient à lutter contre la censure et les pressions du pouvoir, tandis que la Commission européenne a fait part de sa préoccupation.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Ils étaient 3 000 à Istanbul, et presque autant à Ankara à se rassembler à la mi-journée ce vendredi 4 mars et manifester pour soutenir leurs dix confrères arrêtés la veille, et toujours détenus par la police sans avoir été encore interrogés.

Cette vague d’arrestations a fait souffler un vent de panique parmi les journalistes, dont beaucoup disent aujourd’hui avoir peur de continuer à faire leur métier.

En fait, c’est la confusion la plus grande qui règne autour de cette affaire Ergenekon, une organisation terroriste selon l’acte d’accusation qui concerne déjà des centaines d’accusés soupçonnés d’avoir préparé le chaos, prétexte à un coup d’état contre le gouvernement actuel.

La Commission européenne préoccupée

Les journalistes arrêtés hier (parmi lesquels Nedim Sener, distingué en 2010 par l'Institut international de la presse pour son livre consacré à l'assassinat en 2007 en Turquie du journaliste arménien Hrant Dink) ne sont pas, pour la plupart d’entre eux, soupçonnables de faire partie de cette nébuleuse mais ils ont travaillé et enquêté sur ce complot, ce qui leur a valu d’être interpellés.

Les organisations professionnelles, comme de trop rares politiciens ou magistrats, crient au scandale et demandent aux procureurs de cesser de mettre les gens en garde à vue à tour de bras. Le ministre de l’Intérieur dit ne même pas connaître les raisons de ces arrestations.

La Commission européenne, de son côté, a fait part de son inquiétude. Le commissaire à l’élargissement, Stefan Füle, déclarant suivre avec « préoccupation les récentes actions de la police contre des journalistes » et exhortant Ankara à « amender sa législation afin d'améliorer de manière significative l'exercice de la liberté de la presse ».

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