Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est la première fois dans l’histoire du pays -qui a connu trois coups d’Etat, rappelons-le- que des responsables militaires sont poursuivis sous l’accusation de vouloir renverser le pouvoir en place, en l’occurrence le Parti de la justice et du développement (AKP), qui venait à l’époque d’arriver aux affaires.
Et il ne s’agit pas là de seconds couteaux, puisque sont visés par cet acte d’accusation rien moins que deux anciens commandants de la première armée turque ainsi que les commandants à la retraite de l’armée de l’air et de la marine.
Au total 30 officiers figurent parmi les près de 200 inculpés, ils risquent au pire 20 années de prison parce que les procureurs ont estimé que leurs plans en étaient restés au stade de l’incitation et qu’ils n’avaient pas tenté de les mettre en pratique.
C’était en effet lors d’un symposium dans une académie militaire que les généraux avaient détaillé l’opération «Masse de forge», au cours de laquelle des mosquées étaient plastiquées, des agitateurs initiaient des manifestations islamistes ensuite réprimées, et un avion de chasse était même perdu en mer Egée pour faire croire à une attaque grecque, le tout justifiant une intervention militaire pour reprendre la situation en main.
Après celui de l’affaire Ergenekon, ce procès, dont la date n’est pas encore connue, fera lui aussi grand bruit.