Affaire Ergenekon : la justice turque ordonne l'incarcération de militaires libérés

Un tribunal turc a ordonné dimanche 4 avril 2010 en appel l'incarcération de dix-neuf militaires libérés la semaine dernière. Depuis février, ces militaires sont accusés d’être liés à une tentative de coup d’Etat militaire, fomentée en 2003 dans le cadre du projet dit «Balyoz». 

Avec notre correspondante à Istanbul, Jeanne Tulliers

Parmi ces militaires, se trouvent des cadres de très haut rang, comme le général à la retraite Cetin Dogan l''ancien chef de la Première armée au sein de laquelle le complot aurait été fomenté peu après l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement, en novembre 2002. Mais il y a aussi une dizaine d’officiers toujours en service.

Tous avaient été libérés jeudi 1er avril 2010 sur décision d’un juge qui estime que les charges portées contre eux ne sont pas suffisantes. Ils sont pourtant soupçonnés d’avoir participé à un projet de coup d’Etat, un projet appelé «Balyoz» qui prévoyait de semer le chaos dans le pays notamment en posant des bombes dans des mosquées à İstanbul pour ouvrir la voie à une intervention militaire.

La décision de ce juge avait créé la polémique en Turquie, le juge en question étant accusé de parti pris dans cette affaire. Ces derniers mois, il a déjà fait parler de lui en libérant un autre militaire dans ce même genre d’enquête.

Ces 19 militaires devraient être de nouveau interpellés pour attendre leur procès derrière les barreaux.

Les juges sont divisés sur cette affaire mais la population turque aussi

Ces révélations à répétition affaiblissent de fait l’armée et cela sème le doute au sein de la population. Depuis trois ans, plusieurs projets de coups d’Etat ont été révélés par la presse dans le cadre du démantèlement du réseau ultranationaliste Ergenekon.

L’affaire «Balyoz» est la dernière affaire en date. Parmi la population turque, il y a ceux qui saluent le travail de la justice. Ce sont souvent ceux qui remettent en cause l’influence de l’armée sur la vie politique du pays. De l’autre côté, il y a les opposants au gouvernement, ceux qui estiment que ces enquêtes sont politiques et qu’elles sont une manière pour le parti au pouvoir d’affaiblir l’armée et de faire taire ses opposants. On retrouve cette polarisation donc parmi les juges mais aussi parmi la population elle -même.

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