Inculpation de douze officiers turcs de haut rang

L'armée turque est en pleine zone de turbulences : douze officiers turcs ont été inculpés mercredi 24 février 2010 - sept officiers supérieurs placés en détention dans la matinée, cinq autres en fin de journée - accusés de conspiration pour renverser le gouvernement islamo-conservateur. Près d'une vingtaine d'autres suspects sont toujours interrogés après la vague d'arrestations lundi 22 février. Ces accusations de complot provoquent l'inquiétude de l'Union européenne qui demande une enquête transparente et exemplaire.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Un à un, les généraux et amiraux en retraite défilent depuis le mardi soir 23 février devant les juges qui, après l’interrogatoire de la police, doivent leur signifier leur inculpation et simultanément, quand c’est le cas, leur incarcération.

« Appartenance à une organisation illégale et tentative de complot pour renverser le gouvernement » sont les deux motifs généralement invoqués par les juges qui leur demandent de s’expliquer par exemple sur ces munitions cachées dans le double fond de son frigidaire, ou sur des déclarations comme « la première armée est prête au soulèvement » pour l’un, « si j’avais été avec untel, j’aurais réduit le chef d’état-major en miettes », évoquant le précédent chef de l’armée qui s’était opposé aux machinations de ses subordonnés.

Du côté des juges militaires qui seuls ont droit d’entendre les militaires d’active, forcément, ce genre de détails ne filtrent pas et on ne sait pas du tout où en sont les comparutions. Mais au tribunal d’Istanbul, tout le monde attend de savoir ce qu’il adviendra notamment des deux anciens chefs de corps d’armée, les patrons de l’aviation et de la marine aujourd’hui en retraite, car leur mise en détention ferait l’effet d’une bombe, plutôt mal vue par l’état-major qui, déjà, qualifie cette procédure de situation sérieuse.

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