Affaire Ergenekon : au sommet de l’Etat, les institutions s’opposent

Les huit militaires turcs arrêtés samedi dans le cadre de l'enquête sur un complot présumé contre le vice-Premier ministre Bulent Arinç ont été relâchésdans la nuit du 29 au 30 décembre. L’enquête a confirmé des tensions croissantes et persistantes entre le parti AKP du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et l'armée.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Malgré la série de complots déjoués, et autres machinations visant à alimenter un coup d’Etat comme l’affaire Ergenekon, les assassinats ciblés comme celui-ci contre le vice-Premier ministre, les deux institutions concernées, au sommet de l’Etat, parviennent à préserver une apparence de bonne entente et de paix démocratique.

Il n’empêche que cette nouvelle source de tension, même feutrée, a valu au Premier ministre et au chef d’état-major de se rencontrer deux fois plusieurs heures durant en à peine 3 jours. Il faut dire que les explications de l’armée, pour justifier la présence de ces deux agents en mission commandée autour de la maison du vice-Premier ministre, n’ont guère convaincu ; officiellement, bien qu’en possession de plans du domicile de M. Arinç, ils auraient été sur la trace de taupes…

Il reste que la perquisition de la police qui s’en est suivie au commandement d’une unité de l’armée est une première, qui dénote une sourde lutte - ou plutôt une guerre larvée - entre gouvernement et état-major. L’institution judiciaire, prise dans cet étau, a bien du mal à garder son sang-froid. Comme la semaine dernière avec de hauts généraux, elle préfère ne pas écrouer les suspects. Mais l’instruction puis le procès suivent, et là son travail va encore se compliquer.

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