Trois journalistes accusés de complot incarcérés en Turquie

Söner Yalçin, un journaliste turc d'opposition et deux de ses collègues ont été inculpés et écroués dans la nuit du 17 février dans le cadre d'une enquête sur un réseau visant à renverser le gouvernement turc. L'opposition et une partie de la presse ont protesté contre ces arrestations, signe selon elles que le pouvoir cherche à museler toute contestation. Et Washington qui s’inquiète du manque de liberté d’expression accordé à la presse en Turquie, suit « de près » cette affaire.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

« Un scénario digne d’un mauvais feuilleton télévisé » : emprisonné le 18 février après 72 heures d’interrogatoire, Söner Yalçin ne parle pas là de son arrestation, mais des documents trouvés dans son ordinateur. Des données dont il dit ne pas être l’auteur et qui lui auraient été envoyées au moyen d’un virus informatique.

Le journaliste d’investigation et chroniqueur à charge contre le gouvernement d’Erdogan risque aujourd’hui vingt-ans ans de prison pour incitation à la haine et appartenance à l’organisation terroriste Ergenekon. Un réseau accusé de préparer un complot pour renverser le gouvernement.

L’interpellation et les perquisitions menées au domicile du journaliste ont en tous cas soulevé une indignation qui dépasse les frontières. Outre des organisations internationales de défense de la presse, l’ambassadeur des Etats-Unis à Ankara s’est fait traiter de diplomate « novice » par le Premier ministre après ses propos sur la nécessité en démocratie de protéger les journalistes et leur travail.

Dans le cadre, notamment, de ce complot Ergenekon, plusieurs journalistes sont emprisonnés depuis de longs mois sans inculpation, et le bilan de la Turquie en matière de respect des médias est en constante régression. Elle se situe à la 138e place sur 178 pays notés, selon Reporters sans frontières.

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