Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Des pilotes insuffisamment préparés, soumis à une forte pression de la part des passagers et pressés d’atterrir à tout prix, malgré un épais brouillard, telles sont les principales conclusions de l’enquête russe.
Selon la responsable du Comité intergouvernemental d'aviation, l’appareil n’aurait pas dû se poser sur l’aéroport de Smolensk, car la visibilité n’était pas suffisante. Les contrôleurs aériens russes en avaient informé les pilotes polonais, mais selon Tatiana Anodina, l'équipage a pris la décision de ne pas détourner l'appareil sur un autre aéroport, parce qu’il subissait des « pressions psychologiques » de la part de hauts responsables présents dans l'avion.
Les enregistrements des conversations à l’intérieur du cockpit indiquent que le chef de l'armée de l'air et le chef du protocole y étaient présents au moment de l’atterrissage. Le rapport russe note par ailleurs que le chef de l’armée de l’air avait un taux d’alcoolémie positif, évalué à 0,6 mg/l.
Au cours de leur conférence de presse, les responsables russes ont diffusé un film reconstituant les dernières minutes du vol. On y entend notamment l’un des hauts responsables présents dans le cockpit dire « il va nous faire une crise, si on n’atterrit pas ». Cette voix a été identifiée comme étant celle du président polonais par les experts russes. Ces derniers précisent toutefois que les enregistrements des boîtes noires ne permettent pas de dire que Lech Kaczynski a donné des ordres concrets pour atterrir.