La loi hongroise sur les médias a été adoptée le 21 décembre. Elle est entrée en vigueur le 1er janvier et prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 730 000 euros pour des chaînes de radio et de télévision en cas « d’atteinte à l’intérêt public, l’ordre public et la morale. » De nombreux observateurs nationaux et internationaux fustigent l’instauration d’un contrôle politique sur les médias et argumentent que cette loi est contraire aux traités européens. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a qualifié la loi de « menace pour la liberté de la presse ».
Incompatible avec une certaine idée de la liberté de la presse
Avec la déclaration de ce 4 janvier, la France s’est montrée pour la première fois solidaire avec ces critiques contre la Hongrie qui assume actuellement la présidence de l’Union européenne. Invité sur la radio France Inter, François Baroin, le porte-parole du gouvernement français a avancé que cette loi « est incompatible avec l’application d’une certaine idée de la liberté de la presse, validée par tous les traités européens… La position de tous les Etats membres de l’Union européenne doit être de nature suffisamment forte sur le plan politique et diplomatique pour permettre au gouvernement hongrois d’avoir une présidence plus sereine en mettant entre parenthèses ce texte ».
Auparavant, la France s’était contentée de dire via son ministre délégué aux Affaires européennes, Laurent Wauquiez, « que la France n’a pas à intervenir sur la question de la réforme des médias en Hongrie ». Une frilosité qui s’explique aussi par la mauvaise position dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse. Selon Reporters sans frontières, la Hongrie est au 23e rang mondial, la France, 44e, a reculé encore d’une place. Elle en a perdu 33 places depuis 2002. « L'année 2010 a été marquée [en France] par plusieurs agressions contre des journalistes, des mises en examen, des violations ou tentatives de violations du secret des sources et surtout un climat lourd de défiance envers la presse. La majorité présidentielle a eu des mots très menaçants, parfois insultants, envers certains médias. »
La Hongrie persiste
La Hongrie a fait savoir quelle persiste, malgré cette rafale de critiques, à maintenir sa loi controversée sur les médias. « Il est hors de question de changer cette loi ! », a déclaré le Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Et son secrétaire d’Etat responsable pour la communication, Zoltan Kovacs, a ajouté : « Avant de critiquer, attendons de voir comment fonctionne cette loi, nous n’avons aucun doute qu’elle sera à la hauteur de l’épreuve. »
Pour cela, beaucoup de travail reste à faire. La loi permet de contraindre les journalistes à révéler leurs sources sur les questions relevant de la sécurité nationale. Le président de la nouvelle Autorité nationale des médias et des communications (NMHH) est directement nommé par le Premier ministre et les membres sont tous membres ou proche du parti gouvernemental Fidesz.
La Commissaire en charge du dossier à la Commission européenne, Neelie Kroes, a signifié ses préoccupations aux autorités hongroises dans une lettre envoyée le 23 décembre et a demandé des clarifications qu’elle n’a toujours pas reçues à ce jour. Ce jeudi, Neelie Kroes se rendra à Budapest.