Procès Khodorkovski: une vague d'indignations

La justice russe a reconnu Mikhaïl Khodorkovski « coupable » du vol de centaines de millions de tonnes de pétrole. L'énoncé du procès a débuté lundi matin 27 décembre, mais l'ex-patron du géant pétrolier Ioukos devra patienter encore plusieurs jours avant de connaitre sa peine. Le parquet a requis 14 années d'emprisonnement. Ce procès a suscité de nombreuses réactions dans le monde.

« La culpabilité de Khodorkovski aux termes des articles pour détournement et blanchiment d'argent est confirmée par des preuves », a déclaré le juge Viktor Danilkine au tribunal moscovite de Khamovniki.

La justice a également reconnus M. Khodorkovski et son principal associé Platon Lebedev coupables du « blanchiment » de 23,5 milliards de dollars en 1998-2004.

Ce procès suscite de nombreuses réactions. Les capitales occidentales ont rapidement réagi au verdict jugeant Mikhaïl Khodorkovski. Elles soulignent l’effet néfaste que ce jugement risque d’avoir sur l’image de la Russie dans trois domaines : du respect des principes de l’Etat de droit, de la confiance des investisseurs, et des perspectives de modernisation du pays.

L'Union européenne appelle Moscou à respecter le droit international. Catherine Ashton, qui dirige la diplomatie européenne, rappelle que les Vingt-Sept attendent de la Russie de respecter « la primauté du droit », alors que le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, considère le cas de Mikhaïl Khodorkovski comme « un symbole emblématique (…) du nihilisme juridique » en Russie. La France prévient que la modernisation de la Russie passe par « la consolidation de l'Etat de droit ». L'Allemagne évoque « un pas en arrière ». Londres estime que la Russie serait « mieux servie par un système judiciaire complètement indépendant ».

La Maison Blanche s'est dite « profondément inquiète » du verdict de culpabilité contre l'ex-magnat du pétrole russe Mikhaïl Khodorkovski. Pour la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, l’affaire Khodorkovski a « un impact négatif sur la réputation de la Russie (…) en matière de droits de l’homme et d’amélioration du climat d’affaires ».

L'énoncé du jugement entamé lundi 27 décembre devrait prendre plusieurs jours avant que les deux accusés, Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev, ne soient fixés sur leur sort. Mais la défense a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait faire appel du jugement. Le principal avocat de Mikhail Khodorkovski parle d'une honte, d’un jugement injuste délivré par un tribunal qui n'est pas libre.

Le porte-parole de Mikhaïl Khodorkovvski en France, Boris Durande, estime que le procès constitue un véritable test politique pour l’équipe dirigeante russe. Test qui n’est pas définitivement clos avec le jugement actuel, car la procédure judiciaire est loin d’être terminée.

L’une des figures de l’opposition russe, Valéria Novodvorskaïa, classée par les spécialistes résolument à droite, se dit, après cette déclaration du tribunal, très pessimiste pour la Russie en général, et pour la jeunesse russe et les investisseurs étrangers en particulier.

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