En Russie, le président de la Cour constitutionnelle dénonce la criminalisation de l'Etat

Dans un article publié par le journal Rossiïskaïa Gazeta, vendredi 10 décembre 2010, le président de la Cour constitutionnelle russe, Valeri Zorkine, dénonce la «criminalisation croissante de la société russe» qui fragilise l’Etat et ses citoyens et ouvre la porte à un régime dictatorial.

Avec notre correspondante à Moscou, Madeleine Leroyer

Rarement personnalité publique se sera autorisé tribune si cinglante : la Russie risque de devenir une jungle, une société de sous-hommes à la merci des fauves, des criminels. Les mots de Valeri Zorkine, le président de la Cour constitutionnelle ont le tranchant d’une lame. Selon lui, la Russie voit se multiplier les cas de relations incestueuses entre pouvoir politique, forces de l’ordre et réseaux criminels.

L’incurie et la complaisance des autorités ont conduit le mois dernier au massacre de douze habitants d’une petite ville du sud de la Russie : Kouchtchevskaïa, cité de la peur n’est pas un cas isolé, martèle le gardien de la constitution. Nous n’avons pas le droit de laisser notre Etat se criminaliser davantage, faute de quoi nous pouvons enterrer nos rêves de démocratie.

Et il détaille un épouvantable scénario de politique fiction : terrorisés, les sous-hommes écrasés sous la botte des criminels vont se mettre à rêver de dictature. Valeri Zorkine conclut : combattez le mal ! Une imprécation qui sonne déjà comme un aveu d’impuissance.

 

Partager :