Sommet franco-allemand, Paris et Berlin à l’unisson

En pleine crise de la dette européenne, Paris et Berlin ont affiché leur unité lors du 13e conseil des ministres franco-allemands qui se tenait, vendredi 10 décembre 2010, à Fribourg. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont montrés hostiles à l’idée d’une mutualisation des dettes européennes.

A quelques jours du sommet européen de Bruxelles, la France et l’Allemagne ont tenu le même langage sur plusieurs questions fondamentales concernant la régulation financière en zone euro. Les deux pays ont ainsi rejeté l’idée d’émission d’obligations européennes (Eurobonds ou E-bonds). Cette proposition défendue par le luxembourgeois JC Junker, président de l’Eurogroupe et le ministre des Finances italien Giulio Tremonti, permettrait en mutualisant les dettes européennes de faire baisser les taux d’emprunt des pays les plus fragiles de la zone euro, notamment les « Piigs » Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne, qui atteignent en ce moment des niveaux record.

« Le partage des taux d’intérêt et des risques ne nous aiderait pas structurellement », a déclaré Angela Merkel, qui pose comme préalable davantage « d’intégration politique » et de « cohérence » dans les politiques économiques. La création d’obligations européennes aurait « un effet déresponsabilisant pour chaque Etat, or on veut exactement le contraire », a justifié, pour sa part, Nicolas Sarkozy.

« L’Euro, c’est l’Europe »

Les deux pays ont, par ailleurs, renouvelé leur attachement à la monnaie unique européenne. « L’engagement envers la zone euro est intact », a déclaré Angela Merkel. « Nous défendrons l’euro parce que l’euro c’est l’Europe », a dit, de son côté, Nicolas Sarkozy.

Un autre sujet d’accord entre Paris et Berlin porte sur le Fonds européen de stabilité financière (FESF) mis en place au printemps dernier au plus fort de la crise grecque. Plusieurs pays appuyés par le Fonds monétaire international (FMI) se sont prononcés en faveur d’une augmentation des ressources de ce fonds, déjà doté de 750 milliards d’euros. Ils estiment qu’en augmentant les réserves de ce fonds d’aide, les marchés seraient rassurés sur la capacité de l’Europe à voler au secours d’un pays en détresse. La France et l’Allemagne y sont opposées.

Un fonds de soutien permanent

Les deux chefs de l’Etat se sont également entretenus de l’ordre du jour du Conseil européen qui se tient le 16 décembre prochain à Bruxelles. Un conseil au cours duquel les Vingt-Sept doivent approuver la création d’un fonds de soutien permanent en cas de crise. Ce mécanisme auquel devrait participer le secteur privé, devrait être bientôt opérationnel pour remplacer le fonds européen de stabilité financière (FESF) qui arrive à échéance en 2013.

Outre la crise de la dette, les deux grandes économies de la zone euro ont également fait preuve d’unité sur la question sensible du futur budget de l’Union européenne, toujours en suspens. Les deux pays sont d’accord sur l’idée qu’il ne faut « pas forcément dépenser plus, mais dépenser mieux ». Si la croissance française ne devrait pas dépasser 1,5% l’année 2010 devrait être historique en Allemagne avec une prévision officielle de croissance du gouvernement de 3,4% au minimum. Un dynamisme qui n’est plus porté par les seules exportations, mais par la demande intérieure et en particulier par la consommation.

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