L’ampleur du déficit public irlandais et la situation des banques du pays inquiètent les marchés financiers qui désormais ne lui accordent des prêts qu’à des taux très élevés. La semaine dernière, les rendements sur la dette souveraine de l’Irlande ont atteint des niveaux record. Les investisseurs craignent que Dublin ne soit dans l’incapacité de juguler son déficit et se trouve dans l’obligation de recourir à une aide européenne.
Avec un déficit public abyssal de 32% du PIB cette année, le gouvernement s’est engagé à le ramener à moins de 3% en 2014. Le budget 2011 qui sera présenté le 7 décembre prochain prévoit une cure d’austérité de 15 milliards d’euros sur quatre ans avec une première coupe budgétaire de 6 milliards d’euros. Ce déficit record est lié en partie aux 50 milliards d’euros que le gouvernement a dû injecter dans les banques frappées par l’éclatement de la bulle immobilière. Mais la mesure s’avère insuffisante et aujourd’hui l’Irlande peine à trouver des fonds sur les marchés, provoquant une onde de choc dans la zone euro.
Pour éviter tout risque de propagation aux autres pays de la zone euro, l’Union européenne et le FMI ont décidé de ne pas perdre de temps. La priorité est de calmer les marchés. Ils ne veulent pas voir se reproduire un scénario à la grecque. L’Union européenne pourrait donc mettre à la disposition de l’Irlande un prêt conséquent. On parle de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Avantage fiscal très prisé
Les experts réunis en commission vont probablement procéder à une restructuration du secteur bancaire de l’Irlande afin de l’assainir. Des mesures comme des fermetures, des cessions d’établissements ou des recapitalisations par l’Etat pourraient être prises. Le secteur bancaire est déjà sous perfusion de la BCE (Banque centrale européenne), et cette dernière ne pourra pas éternellement continuer son aide. Ce sont donc l’Europe et le FMI qui pourraient prendre le relais.
Pour le moment Dublin n’a pas officiellement demandé d’aide, et semble même répugner à le faire. Elle redoute des contreparties trop lourdes et sait que l’aide ne sera pas gratuite. Le FMI et l’UE vont demander à l’Irlande des garanties sur sa capacité de remboursement. Dublin veut éviter à tout prix de recourir à des hausses de son impôt sur les sociétés, un avantage fiscal très prisé des sociétés venues s’implanter sur son territoire et qui a largement dopé l’économie irlandaise ces dernières années.
Elle craint également que les investisseurs voient au travers d’une aide européenne l’aveu d’un échec sur sa politique économique avec pour conséquence directe de voir les taux d’emprunts du pays s’envoler. Et puis pour ces eurosceptiques qui ont déjà deux fois rejeté des traités européens, un secours venant de l’Europe risque d’être ressenti comme un affront, une perte humiliante de souveraineté.