En Hongrie, Devecser a du mal à se relever

Devecser, bourg de 5 400 âmes, a été encore plus touché que Kolontar par la marée rouge de boues toxiques, qui a fait neuf morts et contaminé 1000 hectares de terres. Deux semaines après la catastrophe, le village ressemble encore à une zone de guerre. Militaires, pompiers, policiers et civils se relaient pour nettoyer les lieux. Un tiers du village, situé dans un creux de vallon, a été sinistré : 250 maisons sont détruites ou inhabitables.

Avec notre correspondante à Devecser, Florence La Bruyère

Une odeur âcre flotte dans l’air et prend à la gorge. A Devecser, la boue rouge est partout. Les équipes de secours continuent à nettoyer les jardins des maisons inondées. Des camions emmènent des tonnes de déchets tous les jours mais ce ballet de véhicules étale la boue sur la route. La vie reprend, malgré tout. L’usine d’aluminium a redémarré. Anna Pamper, habitante du village, s’y est résignée

« C’est mieux que l’usine redémarre parce que, sinon, il y aurait encore plus de chômeurs ! Beaucoup plus. Vous comprenez, il n’y a pas que les ouvriers : il y a les fournisseurs, les clients… Ici, tout le monde dépend de cette usine pour vivre. »

L’aide afflue de partout. Plus de mille personnes, dont 400 bénévoles, sont venues de toute la Hongrie. Mais Tamas Toldi, le maire de Devecser, est inquiet :

« Selon certaines infos, la digue du réservoir pourrait s’effondrer à un autre endroit, si on a beaucoup de pluie ou s’il y a un grand écart de température entre le jour et la nuit. C’est un scénario qu’on ne peut pas exclure. Beaucoup disent qu’une deuxième inondation n’arriverait pas jusqu’à Devecser parce que la boue est moins liquide mais j’ai des doutes. »

Le téléphone du maire sonne jour et nuit. Tamas Toldi ne dort que trois heures par nuit. Et quand il ferme les yeux, il n’arrive pas à oublier.

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