Malgré le cessez-le-feu, les arrestations continuent au sein d'ETA

La garde civile espagnole a procédé dans la nuit du lundi 13 septembre à l’arrestation de neuf membres présumés d’Ekin, une organisation radicale considérée comme «le cœur» d’ETA par la justice espagnole. Il s’agit du premier coup de filet dans l’entourage d’ETA depuis que l’organisation séparatiste a annoncé un cessez-le-feu aux contours mal dessinés.

«Il n’y a pas de trêve avec ETA.» Le message est clair et il vient directement d’Angel Juanes, le président de l’Audience nationale, le tribunal madrilène qui est notamment en charge des dossiers de terrorisme. Avec l’arrestation de neuf membres présumés du mouvement basque radical Ekin, considéré comme partie intégrante de la nébuleuse d’ETA, la justice espagnole continue en effet de faire pression sur l’organisation séparatiste basque, alors que celle-ci avait pourtant annoncé un cessez-le-feu, dimanche 5 septembre.

Mais les contours de cette trêve, déclarée unilatéralement par ETA, sont pour le moins flous. L’organisation ne parle en effet pas de trêve définitive mais d’arrêt des actions armées, ce qui ne signifie pas qu’elle compte déposer les armes pour autant. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet arrêt. Il semble en premier lieu comme une réponse à minima d’ETA aux pressions de Batasuna, sa branche politique, qui souhaite revenir dans le jeu politique après qu’elle a été déclarée illégale en 2003 par le gouvernement espagnol. Cette trêve permet également à ETA de se réorganiser, après les opérations policières qui l’ont laissée exsangue, en permettant l’arrestation d’environ 80 personnes depuis le début de l’année.

ETA perd un de ses instruments de contrôle

Dans ces circonstances, l’annonce unilatérale de cette trêve a été fraichement accueillie en Espagne et d’après Gorka Landaburu, spécialiste de la question basque et directeur de l’hebdomadaire Cambio 16, «le gouvernement continuera de maintenir cette pression» contre ETA.

La politique d’extrême fermeté menée par le gouvernement contre l’organisation et son entourage ne variera donc pas.

Ce coup de filet contre Ekin entre donc dans cette logique, et il s’agit d’un véritable coup dur pour les séparatistes basques. En effet, Ekin est un groupe qui dépend entièrement d’ETA et qui est chargé de s’assurer que la base au pays basque soit toujours acquise à la cause des étarras. Il se trouve maintenant décapité puisque d’après la radio publique RNE, l’opération a permis d’arrêter Eneko Compains, qui est considéré comme le chef présumé d’Ekin. A la suite de cette arrestation, Alfredo Perez Rubalcaba, le ministre de l’Intérieur espagnol a assuré dans un communiqué que ce coup de filet avait permis de «démanteler la direction d’Ekin».

Puisque ETA vient de perdre l’un de ses instruments de contrôle, Batasuna gagne en conséquence un peu plus de liberté. Le bras politique d’ETA s’était en effet déjà éloigné du mouvement armé en déclarant vouloir parvenir à l’indépendance du pays basque «uniquement par la voie démocratique». Une déclaration qui n’a pourtant pas vraiment changé la donne puisque Batasuna est toujours interdit par le gouvernement espagnol.
 

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