Fort de l’appui de la Ligue du Nord, le parti populiste et anti-immigré d’Umberto Bossi, Berlusconi ne craint pas, pour l’instant, des élections anticipées. Son pouvoir politique se retrouve néanmoins fragilisé par la dispute avec Gianfranco Fini, son ancien allié dont il ne peut pas se débarrasser et qui reste l’homme politique le plus populaire du pays.
Président de la Chambre des députés depuis la victoire aux élections de 2008, Fini affiche, malgré ses anciennes sympathies néo-fascistes, des positions centristes sur l'immigration et la laïcité. Il a défendu aussi le rôle du Parlement face à un Premier ministre tout puissant. Se plaçant sur le terrain de « la moralité » et de « la légalité », Fini avait récemment demandé la démission de tous les hommes politiques se trouvant sous le coup d'une enquête, alors que trois ministres, poursuivis pour corruption ou trafic d'influence, ont dû démissionner ces dernières semaines.
Gianfranco Fini et Silvio Berlusconi ont affiché leurs divergences autour d'un projet de loi limitant les écoutes téléphoniques, projet auquel le chef du gouvernement était très attaché et qui a été amendé grâce à l’intervention du président de la Chambre. Les deux hommes se sont opposés aussi sur le plan d'austérité prévoyant 25 milliards d'euros d’économies, très contesté dans le pays et finalement adopté jeudi 29 juillet.
Quelles stratégies pour les deux ténors de la droite italienne ?
Les statuts constitutifs du Peuple de la Liberté (PDL) forcent, pratiquement, les anciens alliés Berlusconi et Fini à trouver une formule de cohabitation, sous peine de mettre le parti hors jeu. Le président de la Chambre refuse de démissionner de son poste et il a accusé Berlusconi d’avoir un comportement de chef d’entreprise qui ne voit que ses propres intérêts et pas ceux des institutions du pays. Il a par ailleurs brandi les statuts du PDL, enregistrés devant notaire, afin de prouver que la décision de l’expulser du bureau permanent du parti, était illégale.
Un groupe parlementaire autonome, intitulé « Avenir et liberté pour l’Italie », a été créé, mais on ne connaît pas avec précision le nombre de ses membres. Fini disposerait de trente cinq soutiens directs à la Chambre, mais de huit seulement au Sénat, ce qui est insuffisant pour former un groupe. Il bénéficie par ailleurs d’un soutien implicite de la gauche italienne, mais sa stratégie est d’incarner la relève des forces de droite. Il se prépare pour l’après-Berlusconi et n’a pas intérêt à déclencher dans l’immédiat une crise politique majeure.
Quant au chef du gouvernement italien, âgé de 73 ans, il a déclaré qu’il se présenterait à nouveau aux élections de 2013. Une annonce qui n’est pas étrangère à la crise actuelle. En tout cas, s’il ne peut pas se débarrasser de Fini, Berlusconi veut au moins attirer de son côté un maximum de ceux qui soutiennent son ancien allié et co-président du PDL. D’ailleurs il n’entend pas limoger les trois ministres proches de Fini.