Nouvelle grève générale en Grèce, l’économie en souffre

C'est, ce mardi 29 juin, la cinquième journée de paralysie depuis que le gouvernement s’est converti à l’austérité pour redresser les comptes publics. Cette fois, les organisations syndicales appellent à la mobilisation contre la réforme des retraites. Cette instabilité sociale quasi permanente depuis des mois a des répercussions sur le fonctionnement de l'économie grecque.

Plus de 15 000 personnes ont manifesté mardi 29 juin en Grèce contre la réforme des retraites qui prévoit de généraliser l'âge de départ à 65 ans et réduit le montant des pensions. Le gouvernement a adopté le projet qui devra encore être soumis au Parlement. Une remise en cause particulièrement mal acceptée par la population. Selon le journaliste Thanasis Kalfas, spécialiste des questions sociales, les Grecs considèrent cette réforme injuste, car elle ne touche pas l’ensemble de la population. « Les hommes politiques et les riches ne sont pas affectés par ces mesures austères. Alors que les autres doivent travailler plus et accepter de voir leurs salaires diminuer. »

Ces grèves à répétition perturbent le fonctionnement d'une économie déjà bien mal en point. Et, en cette période de l'année, c'est le secteur touristique qui paie le plus lourd tribut, alors qu'il n'avait vraiment pas besoin de cela. Didier Arino, directeur du cabinet de conseil Protourisme, rappelle que le PIB de la Grèce est dépendant à 20% du secteur du tourisme, ce qui est considérable. « D’ores et déjà, on peut estimer à plus de 4 milliards d’euros la perte pour la Grèce liée à tous ces incidents qui poussent les touristes à changer de destination. La Grèce avait déjà connu une baisse de 10% de sa fréquentation l’an dernier. Cette année, les réservations auprès des voyagistes ont encore diminué d’autant ».

Pour ne pas aggraver la situation, les contrôleurs aériens ont décidé cette fois-ci de ne pas faire grève. La Grèce est un chapelet d’îles, et ce sont des milliers de touristes qu’il faut acheminer, donc tous les transporteurs sont concernés. Didier Arino mentionne que « lorsqu’il y a un emploi direct dans le tourisme, il y a en a deux qui sont des emplois indirects pour l’économie grecque. Si les grands groupes sont capables de supporter cette crise, ce n’est pas le cas des petits opérateurs qui se demandent comment ils vont passer cette année sans fermer leur entreprise. »

Des engagements drastiques de réduction du déficit

La principale interrogation concernant la Grèce, est de savoir si l'Etat va pouvoir tenir le choc. Des rumeurs circulent régulièrement dans la presse sur une éventuelle mise en vente des îles des Cyclades pour boucher les trous des comptes publics. La semaine dernière le quotidien britannique The Guardian rapportait qu'une partie de l'île de Mykonos pourrait être cédée pour 300 millions d'euros. Le porte-parole du gouvernement a démenti l'information. La dette publique de la Grèce est colossale. Elle se chiffre en centaines de milliards d'euros : 310 milliards d'euros précisément. Pour obtenir l’aide du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne, la Grèce a dû prendre des engagements drastiques de réduction du déficit.

Les Européens se félicitent de la détermination avec laquelle le gouvernement a mis en place son plan d'austérité, un groupe d'expert du FMI vient d'accorder un satisfecit à son application. Mais Jésus Castillo, économiste spécialiste de l'Europe du Sud chez Natixis, manifeste beaucoup moins d'optimisme. « Ces réformes sont indispensables car la Grèce a vécu longtemps au dessus de ses moyens. Aujourd’hui, elle a perdu la confiance sur les marchés. Or elle a un endettement important qui nécessite le recours au marché de capitaux pour encore un bon moment. Ca risque de prendre du temps car actuellement les investisseurs sont peu enclin à lui faire confiance et lui renouveler sa dette ».

Absente depuis le mois d'avril du marché des capitaux, date à laquelle la crise financière a culminé, la Grèce doit y retourner à la mi-juillet dans l'espoir de lever 4 milliards de dollars à un taux supportable pour ses finances. Ce sera alors le premier test grandeur nature du marché depuis le déclenchement du plan de sauvetage de l'Union européenne et du FMI.
 

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