Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Ceux parmi les bénévoles de cette flottille humanitaire qui voulaient mourir en martyrs ont malheureusement atteint leur objectif au-delà de leurs espérances. Ils ont été, si l’on en croit les conclusions définitives de l’institut médico-légal turc qui a examiné les dépouilles des neuf victimes, si ce n’est abattus froidement, en tout cas copieusement mitraillés par les soldats israéliens.
Des tirs parfois venus d’en haut, c’est-à-dire avant que les militaires ne soient déposés sur le pont du Mavi Marmara, c’est-à-dire donc encore avant qu’il n’y ait agression ou même résistance de la part de ces militants pro-palestiniens voulant briser l’embargo de Gaza.
Ce qui résiste mal à l’argument de la légitime défense avancée par Tsahal, c’est aussi la nature et le nombre des blessures relevées sur les neuf cadavres : trop d’impacts pour chaque victime et trop souvent à bout portant, à la tête ou à la poitrine, parfois même par derrière. Ce qui fait dire aux avocats des familles des victimes que les assaillants cherchaient bien à tuer et non à neutraliser les passagers du Mavi Marmara, encore moins se défendre de leur prétendue agression.
Selon la presse turque, les autorités israéliennes auraient d’ores et déjà contesté la validité de ce rapport. Reste à savoir ce que la justice turque, qui a ouvert au moins deux enquêtes préliminaires, pourrait faire de ces conclusions, alors que la commission d’enquête israélienne elle-même travaille à faire toute la lumière sur les circonstances de cette attaque meurtrière.