Près de 12 millions de Néerlandais sont appelés aux urnes pour des législatives anticipées, après que la coalition de centre-gauche du Premier ministre Jan Peter Balkenende avait volé en éclat le 20 février dernier, victime de ses dissensions sur le maintien des troupes néerlandaises en Afghanistan.
De l’Afghanistan, il était finalement à peine question pendant la campagne électorale. En revanche, c’est la crise économique qui s’est invitée dans tous les débats, au point d’éclipser l’homme qui dominait jusqu’ici la scène politique avec ses discours virulents contre les musulmans. Boosté par les sondages, Geert-Wilders, l’homme à la chevelure blonde peroxydé, se voyait même déjà au poste du Premier ministre.
« Plus de sécurité, moins d’immigration »
Ce populiste de 46 ans a misé encore une fois sur une campagne électorale violente : « Tous les jours, nous sommes confrontés à l’immigration de masse. Voiles, burqas, minarets, dépendance des prestations sociales, criminalité, la liste n’en finit pas », martèle-t-il dans sa vidéo de campagne, « le Parti pour la liberté opte pour plus de sécurité et moins d'immigration ». Des idées populistes, qui ont pendant longtemps porté leurs fruits, dans ce pays où 20% des 16,5 millions d'habitants sont d'origine étrangère.
L’ascension de l’ex-membre du parti libéral Geert Wilders a été impressionnante : en juin 2009, lors des élections européennes, Geert Wilders remporte cinq sièges au Parlement de Strasbourg et s'impose comme la deuxième force du pays. Et puis, nouveaux succès en mars dernier : aux élections municipales, il remporte la victoire à Almere, cette ville-dortoir de 190 000 habitants près d’Amsterdam. Dans la capitale, La Haye, il décroche la deuxième place. Depuis, le phénomène Wilders avait pris chaque jour un peu plus d’ampleur. Mais – la crise aidant - plus le scrutin approchait, plus les espoirs de Geert Wilders de devenir Premier ministre s’éloignaient.
Le déficit au cœur du débat
Aujourd’hui, ce sont le déficit, la retraite ou encore le chômage qui sont au cœur du débat. Selon le sociologue Laurent Chambon qui vit à Amsterdam depuis 20 ans, le Parti pour la liberté risque d’en faire les frais : « Geert Wilders n’a aucun programme et aucune compétence économique. Les électeurs de droite vont donc préférer donner leur voix aux parti libéral ». L’omniprésence de la crise semble surtout profiter aux libéraux du VVD menés par Mark Rutte.
L’extrême droite plane toutefois comme une menace sur ces élections. Actuellement, le Parti pour la liberté a 9 sièges sur 150 au Parlement. Selon les sondages, il a toutes les chances de doubler la mise. Mais les musulmans des Pays-Bas gardent l’espoir que les partis respectueux des droits de l’homme emporteront la victoire. En tout cas, Habib Elkaddouri de l'association des Marocains aux Pays-Bas est confiant : « Comme beaucoup de Marocains et musulmans, je crois qu’il y a des lois assez fortes pour nous protéger. Nous appelons à voter pour des partis qui protègent nos droits ».