L'histoire de Binyam Mohamed ressemble à ce qu'ont vécu nombre de ces présumés terroristes qui ont abouti à Guantanamo. Sauf qu'il en a été libéré dès février 2009 pour regagner le Royaume-Uni son pays de résidence. Et ce sont les poursuites judiciaires qu'il a alors lancées qui commencent à porter leurs fruits.
Ce jeune Ethiopien a été arrêté au Pakistan en 2002, et interrogé là-bas par des Américains, puis il a été transféré au Maroc dans une prison secrète, avant de se retrouver à Guantanamo en 2004. Les révélations qui viennent d'être faites à Londres ne concernent que l'épisode pakistanais de ses épreuves. Episode sur lequel la CIA a transmis aux services britanniques des détails, restés jusque-là secrets par décision gouvernementale, mais dont une cour d'appel britannique vient d'exiger la publication.
Il en ressort que lors de ses premiers interrogatoires, Byniam Mohamed a été enchaîné, régulièrement privé de sommeil, et soumis à des pressions telles que des menaces de transfert lointain et de disparition. Des traitements que la CIA elle-même qualifie dans son compte-rendu de « cruels, inhumains et dégradants ».
Interrogé à la Chambre des communes, le secrétaire au Foreign Office David Milliband a souligné que les agents britanniques étaient étrangers aux interrogatoires. L'ancien détenu affirme pourtant qu'un agent du MI5 y a contribué. Pas au Pakistan, mais plus tard au Maroc. Des associations de défense des droits de l'homme comme Liberty accusent en tout cas Londres de « complicité avec la partie la plus honteuse de la guerre contre le terrorisme ».