de notre correspondante à Berlin
L'AfD, en tant que parti élu au Bundestag, a tout simplement droit à un siège au sein de la Fondation pour la mémoire des juifs assassinés, comme les autres partis représentés au Parlement. Les statuts de la Fondation qui gère le mémorial stipulent en effet que chaque parti représenté au Bundestag peut envoyer un membre dans son directoire. Le texte avait été rédigé en 2000, bien avant la création de l’AfD en 2013, et à une époque où rien ne laissait présager que l’extrême droite ferait un jour une entrée fracassante au Parlement. Au sein de la Fondation, c’est l’effarement depuis les élections. D’autant que voici un an, Björn Höcke, membre influent et contesté de l’AfD, avait qualifié le mémorial de l’Holocauste de « monument de la honte ».
Est-ce le seul conflit de ce type?
L'entrée au Bundestag ouvre à l'AfD d'autres portes d'institutions allemandes. Les populistes ont déjà présenté leur candidat pour le poste auquel ils ont également droit au sein du Conseil de l’Alliance pour la Démocratie et la Tolérance, BfDT. Le député Jens Maier -qui vient de s’illustrer en qualifiant le fils métis de la légende du tennis Boris Becker de « demi-nègre »- occupera le poste.
Auparavant, l’AfD avait tenté d’imposer Albrecht Glaser, 76 ans, au poste de vice-président du Bundestag (le député s’était prononcé en faveur de la « suppression de tout droits religieux -pourtant garantis par la Constitution, ndlr- pour les musulmans »). Enfin, l'extrême droite aura le droit d'occuper quelques postes à la tête de commissions parlementaires, un dossier qui devrait progresser cette semaine.
Quel but pour l'AfD?
L’AfD, dont le discours ne cesse de se radicaliser, donne ainsi l’impression de chercher à s’infiltrer au sein de toute institution de la République, pour occuper le terrain et affirmer sa présence.
Le parti d'extrême droite s'est illustré ces derniers jours par des surenchères verbales. Une élue locale de Berlin, Franziska Lorenz-Hoffmann, a ainsi diffusé sur son compte facebook une affiche de propagande du IIIe Reich : « femme allemande! Préserve la pureté de ton sang. Les étrangers ne doivent pas te toucher ! » Le message a depuis été supprimé, mais l’élue l’a justifié en expliquant vouloir que « les Allemands restent allemands ».
« L’AfD, estime le quotidien berlinois Tagesspiegel se radicalise dans son discours ». De l'avis du politologue Arno Funke, cette radicalisation a pour but d'intégrer les néo-nazis. Depuis ses débuts en 2013, le parti a connu une radicalisation permanente, avec à chaque nouvelle étape une purge de la direction en place et la mise en place d’une nouvelle équipe encore plus extrémiste. La stratégie semble payer. Selon un sondage publié par le Spiegel, l’AfD -qui avait obtenu 12,9% des voix aux législatives de septembre- a progressé à 14,7% des intentions de vote.