La Catalogne peut-elle basculer dans l'indépendance aux prochaines élections?

« Le Monde en questions », le rendez-vous hebdomadaire avec pour décrypter les évolutions géopolitiques d’un monde en mouvement permanent.Vous nous parlez aujourd'hui, Bruno Daroux, de la crise catalane, à quelques jours d'un scrutin important. Et la question que vous posez est la suivante : la Catalogne peut-elle basculer dans l'indépendance, lors des élections régionales anticipées le 21 décembre ?

Et bien la réponse est : sans doute pas, à en croire du moins les derniers sondages qui placent le camp indépendantiste à 47/48 % des voix, ce qui lui ferait perdre d'un cheveu la majorité qu'il détenait dans l'Assemblée régionale sortante. Et c'est donc le camp dit des unionistes - c'est-à-dire les partisans de l'unité de la nation espagnole, qui devrait remporter le scrutin. Mais il faut attendre le résultat des urnes. Dans une semaine en effet, les élections régionales décidées par le pouvoir central de Madrid, auront eu lieu.

Les indépendantistes veulent encore y croire, comme ils y croient depuis qu'a commencé ce bras de fer entre Barcelone et Madrid, il y a presque quatre mois. Tout commence le 6 septembre quand, au terme d'une séance houleuse qui voit les députés hostiles à l'indépendance quitter l'hémicycle, le parlement de Catalogne adopte une loi qui permet l'organisation d'un référendum sur l'indépendance le 1er octobre.

Dès lors la tension monte dans la région et dans la belle ville de Barcelone. Barcelone, qui continue pourtant, sous un soleil alangui et généreux, à dispenser, en cette fin septembre, sa douceur de vivre et son sens de la fête. Mais la convivialité, en revanche, fait place peu à peu aux discussions animées entre Catalans, entre amis, ou au sein des familles : faut-il, oui ou non, se séparer de Madrid et se constituer en une république indépendante ?

Le référendum du 1er octobre -déclaré illégal par les autorités judiciaires et politiques de Madrid, se déroule dans une étrange ambiance, entre sourires, joie, craintes, et présence de la police espagnole. Les résultats sont sans appel, et en même temps problématiques: le « Oui » à l'Indépendance l'emporte avec 90 % des suffrages exprimés, mais, avec une participation très faible, 43 % à peine.

Et c'est alors que le bras de fer se durcit entre Madrid et Barcelone. Un bras de fer qui est aussi un affrontement entre deux personnalités que tout oppose, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy et le leader indépendantiste Carles Puigdemont.

Avec en trois semaines, une succession de rebondissements : déclaration unilatérale d'indépendance par un Parlement catalan déserté, une nouvelle fois, par les opposants à une telle évolution, mise sous tutelle de la Catalogne, dissolution du gouvernement par le Premier ministre Mariano Rajoy, et arrestation des dirigeants indépendantistes qui restent sur le territoire espagnol. Carles Puidgemont, lui, se réfugie en Belgique. Un mandat d'arrêt européen est émis contre lui, mandat qui sera finalement abandonné.

Les indépendantistes acceptent finalement de participer aux élections convoquées par Madrid, mais y vont en ordre dispersé. Le pire dans tout ça, c'est que le scrutin de jeudi prochain pourrait bien ne rien résoudre dans cette crise identitaire de la Catalogne : si les unionistes l'emportent, les indépendantistes ne renonceront pas à leurs revendications. Si les indépendantistes gagnent, on revient tout simplement à la situation de début octobre. On n'a pas fini de parler de la Catalogne.

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