A la Une : un terrorisme sans frontières

Triste constat établi ce mardi par le site d’information burkinabé Wakat Séra : « de Bamako à Londres en passant par Paris ! Itinéraire de rêve pour un bon touriste à qui s’offriraient des merveilles comme les vestiges historiques de Gao et Tombouctou au Mali, la splendide Tour Eiffel en France et le mythique Big Ben d’Angleterre. Mais ce trajet évoque plutôt le cauchemar et la peur, soupire Wakat Séra, compte tenu des attaques terroristes qui touchent ces villes prises pour cibles par les “fous de Dieu”. Plus que jamais, les intérêts occidentaux, que ce soit sur le vieux continent ou en Afrique, sont une fois de plus dans l’œil des djihadistes qui écument le monde et sèment la terreur et surtout la mort, soit disant au nom d’une religion dont les fondamentaux sont pourtant le pardon, la tolérance, l’amour et la paix. »

L’attaque, dimanche, du site touristique Le Campement à Kangaba, près de Bamako, cette attaque a donc été revendiquée par l’alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, dirigée par le chef islamiste touareg malien Iyad Ag Ghali.

Une attaque qui intervient, est-ce un hasard ? à 48 heures de l’anniversaire de l’accord d’Alger, censé lutter contre le terrorisme transfrontalier et ramener la paix dans la région.

L’accord d’Alger en suspend

Deux ans après, donc, le bilan est plus que mitigé, souligne le site guinéen Ledjely.com : « Le Mali, soumis à intervalles irréguliers à des attaques de plus en plus meurtrières, peine à retrouver son climat paisible d’antan. Et en ce qui concerne la réconciliation, on assiste plutôt à une exacerbation des différences. Ainsi, relève le site guinéen, de plus en plus d’affrontements violents et meurtriers entre communautés sont rapportés par les médias maliens et internationaux. […] Si à l’époque de la signature de l’accord d’Alger, les terroristes, pas tout à fait remis des frappes reçues de l’opération Serval, restaient cantonnés dans l’extrême nord, dans les massifs de l’Adrar des Ifoghas, ils sont désormais présents sur l’ensemble du pays, pointe encore Ledjely. Comme si l’accord était en fait un appel à la profusion, on a assisté depuis à un éclatement des principaux groupes en des sous-groupes plus ou moins autonomes. De même, certains leaders locaux jadis modérés se sont radicalisés au contact des mouvements qui avaient brièvement occupé la région septentrionale. Il en découle tout logiquement qu’aucun espace du territoire malien n’est épargné par le triptyque attentats, embuscades et attaques frontales. Bamako compris. »

Mirage ?

Deux ans après l’accord d’Alger, « la paix reste toujours un mirage », renchérit Le Pays au Burkina. « Deux ans après, la paix n’est toujours pas au rendez-vous. Pire, ce deuxième anniversaire intervient dans un contexte où le Mali connaît une recrudescence des attaques terroristes tous azimuts dont la dernière en date est celle de Kangaba. » Du coup, poursuit Le Pays, « l’évolution de la situation sécuritaire met la communauté internationale dans l’obligation de renforcer les dispositifs pour permettre au Mali de donner la riposte adéquate au péril terroriste. Cela passe, entre autres, estime le quotidien burkinabé, par l’opérationnalisation de la force commune du G5 Sahel dont l’apport et l’action pourraient contribuer à réduire considérablement la voilure des terroristes dans cette région. Cela passe aussi par la pacification de la Libye, où un éventuel rapprochement entre le gouvernement d’union nationale soutenu par la communauté internationale et le Général Haftar, qui contrôle une bonne partie du territoire, pourrait permettre d’avoir un meilleur contrôle de la situation. »

Et puis, poursuit Le Pays, « l’une des questions que l’on pourrait se poser est de savoir si le médiateur algérien sous l’égide duquel cet accord a été obtenu va s’impliquer davantage pour permettre au processus de connaître une avancée significative. La question est d’importance, car le problème Iyad Ag Ghali, que certains donnent pour être le protégé d’Alger, s’avère aujourd’hui comme l’un des nœuds gordiens de cet accord qui piétine. »

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