Novartis visé par une nouvelle enquête pour corruption en Grèce

Après les Etats-Unis, la Chine, la Turquie ou encore la Corée du Sd, le géant pharmaceutique Novartis est à nouveau visé par une enquête pour corruption. Cette fois-ci, cela se passe en Grèce. Eclairages de Charlotte Stiévenard, notre correspondante à Athènes.  

La semaine dernière, le ministre grec de la justice, Stavros Kontonis a annoncé que l’enquête serait « rapide et approfondie ». L'affaire a commencé avec les révélations il y a deux mois de l’hebdomadaire Documento, créé il y a quelques mois avec à la tête de la rédaction Kostas Vaxevanis, le journaliste qui avait publié la liste Lagarde des évadés fiscaux en 2012.

Son journal affirme que des employés de l’entreprise Novartis en Grèce auraient versé des pots-de-vin à des fonctionnaires et à des médecins pour obtenir des décisions en leur faveur où encore leur faire prescrire les médicaments de l’entreprise. Des membres du comité chargés de déterminer les prix des médicaments seraient, selon eux, également bénéficiaires. Par son enquête, le journal a également révélé l’existence d’une entreprise-écran qui payait notamment des séminaires à des professionnels de la santé. Des petits cadeaux bien connus du secteur et réglementés en Grèce.

Des témoignages accablants pour le groupe pharmaceutique

Les journalistes se basent pour cela sur deux témoignages de deux anciens employés grecs du groupe pharmaceutique suisse. Ils auraient déclaré avoir travaillé aux postes de directeur de la communication et de la responsabilité d’entreprise pour le premier et directeur des ventes pour le second. Ils avaient intégré l’entreprise en 2008. Ils auraient fourni documents et e-mails pour prouver leurs dires. Le ministère de la Justice a donc lancé une enquête.

Et l’affaire grossit à vue d’œil. Toujours selon le journal, un ancien Premier ministre et des anciens ministres seraient impliqués. Le FBI serait également venu en renfort dans le cadre de l’entraide judiciaire. Et un eurodéputé de la gauche radicale de Syriza, Stelios Kouloglou a posé une question écrite à la Commission européenne la semaine dernière à ce sujet. A Novartis, on déclare que l’entreprise « est attachée aux critères les plus élevés en matière de conduite éthique des affaires et de conformité réglementaire dans tous les aspects de son activité. Elle prend très au sérieux toute allégation de mauvaise conduite». Elle indique souhaiter des « informations supplémentaires ».

Novartis, Siemens, deux scandales au long cours

Le ministre adjoint à la Santé parle d’un « scandale comparable à celui de Siemens », l’entreprise allemande dont certains employés de la filiale grecque sont eux aussi poursuivis depuis plusieurs années pour des faits similaires. C’est ce qu’a déclaré Pavlos Polakis dans une interview à l’agence de presse grecque. Le ministre adjoint a estimé que les sommes d’argent sale en jeu dans cette affaire pourraient s’élever à 4 milliards d’euros.

Pavlos Polakis a aussi parlé de la lenteur de la justice grecque, bien connue dans l’affaire Siemens justement. Soixante-quatre personnes au total sont poursuivies pour corruption passive et active et blanchiment d’argent dans le cadre d’une gigantesque affaire de pots-de-vin versés en échange de l’obtention d’un juteux marché public. L’enquête a duré neuf ans. Et cet été, le procès a encore une fois été reporté de façon indéfinie pour une raison technique. Le procureur de la Cour suprême a ordonné une enquête pour comprendre les raisons de ce délai.

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