La réponse ne s’est pas fait attendre. Quelques heures à peine après la nouvelle offre de rachat de 106 milliards de dollars de Pfizer, AstraZeneca a dit non. « Les termes financiers et autres décrits dans la proposition sont inadéquats, sous-évaluent substantiellement AstraZeneca et ne sont pas une base sur laquelle engager (des discussions) avec Pfizer », a annoncé son président, Leif Johansson, dans un communiqué. « AstraZeneca restera une entreprise indépendante », a-t-il martelé, en guise de fin de non-recevoir.
L’industriel pharmaceutique britannique a en effet engagé une profonde restructuration qui montre des signes d’encouragement. Il ne souhaite donc pas que l’Américain, en perte de vitesse, en récolte les fruits.
Pfizer en difficulté
Pfizer subit actuellement des revers dans le domaine des brevets sur ses produits phares comme l'anti-cholestérol Lipitor. Il a donc des vues sur les percées du Britannique dans le créneau à fort potentiel de l'immuno-oncologie, notamment.
Avec une nouvelle offre de 106 milliards de dollars, contre 99 milliards précédemment, eux aussi rejetés, Pfizer voulait ramener les actionnaires d’AstraZeneca à la table des négociations. Il souhaitait surtout emporter l’adhésion du gouvernement britannique. Un gouvernement inquiet par les conséquences d’une telle acquisition sur l’industrie pharmaceutique et sur la recherche. Deux volets cruciaux de la stratégie économique au Royaume-Uni.
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Des engagements vains
Ian Read, le patron de Pfizer, a d’ailleurs écrit personnellement à David Cameron, le Premier ministre britannique, pour le rassurer. Il s’est engagé à maintenir l’essentiel des activités du groupe au Royaume-Uni. Il a aussi promis d’établir la résidence fiscale et le siège européen du nouvel ensemble dans le pays. Il comptait également installer le centre de recherche d'AstraZeneca dans la ville universitaire de Cambridge, haut lieu des techniques de pointe.
AstraZeneca emploie 6 700 personnes au Royaume-Uni. Même si le géant américain de la pharmacie n'a fait aucune promesse en termes d'effectifs, il s’est engagé à baser au moins 20% des emplois du secteur recherche et développement du groupe au Royaume-Uni. David Willetts, le ministre britannique des Sciences avait semblé favorable à ces offres. L’Américain ayant, selon lui, « fait un long chemin par rapport aux semaines précédentes ». Mais tant le montant que l’ensemble de ces propositions n’ont convaincu AstraZeneca, réputé pour sa méfiance à l’égard des mégafusions.
Ce vendredi 2 mai, en fin d'après-midi, Downing Street a fait savoir que l'éventuel rachat était du ressort « des conseils d'administration et des actionnaires des deux groupes ». On est loin de l'activisme français sur le dossier d'Alstom.