de notre envoyée spéciale à Chios,
Des affrontements particulièrement violents ont eu lieu la semaine dernière dans le camp de Souda, sur l'île de Chios. Tout aurait commencé par des altercations entre un groupe de migrants et des Grecs sur la place principale de la ville de Chios. C'est ce que raconte le correspondant local du Journal des rédacteurs, un quotidien national de gauche. Puis le groupe aurait brisé les vitres de plusieurs magasins et la situation aurait dégénéré en bataille de feux d'artifice. La nuit même, des pierres auraient été lancées du haut des remparts qui surplombent le camp sur les tentes des réfugiés où dorment notamment de nombreuses familles et enfants. C'est ce que racontent des réfugiés qui ont assisté à la scène. Des engins incendiaires ont aussi été lancés. La nuit suivante, ces représailles extrêmement violentes ont repris. L'organisation non gouvernementale Action for Switzerland explique que 4 personnes ont été blessées plus sérieusement, dont une femme enceinte qui aurait perdu ses jumeaux à cause du stress lié à l'attaque.
Qui se cache derrière ces représailles ?
Deux réfugiés présents lors des incidents décrivent un groupe de « fascistes » connus sur l'île, c'est le terme qu'ils emploient. Le secrétaire d'Etat aux Affaires migratoires s'est rendu vendredi à Chios. Dans une interview à la télévision privée Epsilon, Iannis Balafas a déclaré qu'à l'origine des représailles, il y avait « l'action de groupes minoritaires et des personnes très dures de l'extrême droite ». Le parti néo-nazi grec, l'Aube dorée n'a pas hésité à récupérer les événements par la voix de son président Nikoalos Michaloliakos. Il a salué ces actes par cette phrase « tout Grec qui résiste est un Aube dorien. C'est un titre honorifique » Un jour plus tôt avant les événements, un rassemblement du parti avait justement lieu sur l'île.
La police a procédé a des arrestations
37 personnes interpellées et 4 arrêtées : la police précise qu'il s'agissait uniquement d’étrangers. Les réfugiés et migrants, ainsi que plusieurs ONG présentes sur le terrain lui reprochent de ne pas être intervenue pendant les représailles et de n'avoir arrêté personne côté grec. Les forces de l'ordre répondent qu'elles ne voulaient pas intervenir avant les pompiers et que concernant les supposés membres d'extrême droite, une enquête est en cours. Le ministre de l'Immigration, Giannis Mouzalas, explique que le ministère de la Protection des citoyens étudie le problème.
La situation ne fait qu'empirer
Emmanouil Vournous, le maire de la ville de Chios, met en cause l'application défaillante de la politique migratoire européenne qui « détruit, selon lui, l’économie et les sociétés des îles ». Sur l'île de Chios, il y a actuellement 4 250 réfugiés et migrants pour 1 100 places. Ils sont bloqués, pour certains depuis mars 2016 et la mise en place de l'accord Union européenne -Turquie.
Trois cents personnes, dont les plus vulnérables, sont hébergées dans des appartements et des chambres par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés mais la plupart des réfugiés et migrants sont principalement au centre de premier accueil de Vial, à quelques kilomètres de la ville et à Souda, le camp qui a brûlé en plein centre-ville. Le secrétaire d'Etat aux Affaires migratoires envisage désormais de créer deux nouveaux camps : un premier pour évacuer celui de Souda et un autre pour freiner la délinquance. Mais selon le maire, en raison de ces mauvaises expériences et ce qu'il qualifie de mauvaise gestion du gouvernement, il n'y a pas de consensus sur le lieu de construction de ces camps.