La chancelière allemande, il y a deux semaines, a reçu sur une première joue cette claque que lui ont infligée les électeurs du Länd de Mecklembourg. Demain, c’est carrément à Berlin que la seconde joue d’Angela Merkel risque d’en essuyer une seconde. La CDU, qui codirigeait la capitale depuis cinq ans dans le cadre d’une coalition, pourrait donc être renvoyée dans l’opposition. « Une sanction sévère », anticipe Le Figaro.
Et pourtant, formule-t-il, « Merkel, c'était du solide. Une forteresse politique (…) inexpugnable (…). Onze ans de mandats, pas une fissure. » C’était, car il y a eu ce que le journal appelle le « sale été » de la chancelière allemande : attaques islamistes, défaite dans les urnes il y a quinze jours dans le Mecklembourg donc, et scrutin à haut risques à venir dans la capitale, Berlin. Et la forteresse est « ébranlée », lance l’éditorialiste du Figaro. A tel point, remarque-t-il encore, que la presse allemande évoque désormais « le crépuscule de la chancelière ». On dirait du Wagner.
Et à présent, estime le quotidien conservateur, « plus que l'affaiblissement de Merkel, c'est la mue du débat en Allemagne qui importe. Quand on ne ferraillait il y a peu que sur l'économie, voilà la bataille lancée sur le terrain de la culture nationale et de l'identité. Des questions qui, pour des raisons historiques évidentes, étaient évitées depuis des décennies. Y répondre est le vrai défi de la chancelière, souligne Le Figaro. Elle a un an pour cela. »
Poutine : le tsar de fer
En Russie, en revanche, le président Vladimir Poutine n’a aucun souci à se faire pour les élections législatives de demain. C’est bien simple, il les a « gagnés d’avance », lance Le Figaro. Sa formation, Russie unie, est une nouvelle fois « assurée de la victoire », anticipe le journal. Un succès attendu qui devrait « paver la voie à une candidature de Vladimir Poutine à la prochaine élection présidentielle, prévue au printemps 2018, et à un quatrième mandat, courant alors jusqu’en 2024 », complète Le Figaro.
ONU : le secrétaire de papier
Justement. Une autre élection est à venir aux Nations unies, qui intéresse de près Vladimir Poutine. Celle du successeur de Ban Ki-moon au poste de secrétaire général de l’ONU. A chacun son poulain, en tout cas. Et pour le journal Le Monde, c’est Antonio Guterres. L'ancien Premier ministre portugais « a l'avantage d'avoir été dans le cercle des dirigeants mondiaux, il connaît par cœur la machine onusienne pour avoir géré le Haut Commissariat aux réfugiés jusqu'à l'an dernier, et, ce qui ne gâche rien d'un point de vue français, il est francophone et socialiste ».
Toutefois, admet Le Monde, « Antonio Guterres a deux handicaps : il n'est pas une femme et, surtout, n'est pas d'Europe de l'Est ». Et puis, remarque aussi le quotidien du soir, « c'est un secret de polichinelle, le Portugais suscite des réticences à Moscou. Il est victime de la nouvelle guerre froide que se livrent Occidentaux et Russes. »
Marine Le Pen : la présidente de velours
En France, le Front national est réuni aujourd’hui et demain à Fréjus dans le sud-est de la France. Le parti d’extrême-droite se voit déjà au second tour de la prochaine élection présidentielle. Comme le souligne le journal Le Monde en manchette, « Marine Le Pen prépare le second tour ». Et elle le fait en jouant « la carte de la modération », complète le quotidien du soir.
« Ce week-end à Fréjus, le présidente du Front national devrait confirmer sa stratégie, confirme Libération : lisser son image. » Et se mettre en ordre de bataille électorale pour préparer 2017. Pourquoi Fréjus ? Parce que David Rachline, sénateur-maire Front national de cette ville méridionale, est « pressenti pour mener la campagne de Marine Le Pen », note Libé (tandis que Le Monde et Le Figaro affirment, de leur côté, que David Rachline « dirigera » bien sa campagne).
Lisser son image ? Une stratégie manifestement payante, qui incite Libération à lancer une énième mise en garde sur le sujet. A l’attention de Nicolas Sarkozy d’abord, de ses partisans ensuite. Car l’ancien président en campagne pour l’élection primaire de la droite, « redouble d’agressivité au point de sembler plus à droite que le Front national », déplore Libé.
Une « manœuvre » que ce journal réprouve car elle est « d’une grande simplicité : déborder le FN sur sa droite, au moment où il opère un timide recentrage. Depuis que son chef est de retour, la droite sarkozyste s’y emploie avec zèle. A longueur de discours, l’ex-chef de l’Etat et ses lieutenants dénoncent le communautarisme et la tyrannie des minorités. Ils s’érigent en défenseurs des racines chrétiennes et d’un " mode de vie français " auquel l’islam est sommé de s’assimiler. »
Comme le remarque encore Libération, « en matière d’outrances, les bons soldats du sarkozysme sont sans limites ». Mais le confrère a la mémoire longue. « Il y a trente ans, rappelle-t-il, le Front national (…) envoyait un peloton de représentants à l’Assemblée nationale. » Trente ans plus tard, ce quotidien déclenche le compte à rebours. Car il ne reste plus que « sept mois » (c’est le titre - on ne peut plus chronologiquement rigoureux - de son éditorial).
Sept mois, c’est court et Libé s’effare de l’aura du parti de Marine Le Pen. Lequel, « depuis trente ans (…) pèse sur les mots du débat, au point qu’on convient qu’il a remporté la bataille des idées à défaut d’avoir réussi à s’imposer dans les urnes. » Que faire ? « Réparer ce débat politique brisé par les vitupérations, les mensonges et les petites tactiques de bas étage ne suffira pas à faire baisser durablement la force du FN, prévient ce quotidien proche de la gauche en France. Il faudra que la droite et la gauche présentent des contre-projets réalistes et assument enfin les nouveaux visages de la France. Il reste sept mois pour effacer trente ans d’errance. »