Le Brexit et ses conséquences négatives pour l'économie du Royaume-Uni vont sans doute dissuader de nombreux voyageurs de prendre l'avion pour se rendre en Europe. La plupart des compagnies aériennes européennes ont lourdement chuté en bourse au lendemain du verdict du référendum. Leurs actions ont perdu 8 à 20 % de leur valeur. IAG, l'ex-British Airways devenu un groupe hispano-britannique, a été la plus affectée.
Elle a immédiatement annoncé que ses résultats de l’année en pâtiront. Ce matin Easyjet lance un avertissement similaire. Le ralentissement de l'économie britannique va sans doute contraindre les ressortissants à dépenser moins dans leurs vacances et par ailleurs la chute de la livre sterling va surenchérir le prix des billets. Un double effet de ciseaux à court terme qui fera du tort à toutes les compagnies.
Le trafic passager pourrait chuter de 3 à 5 % d'ici 2020
Selon une première estimation réalisée par l'Association internationale du transport aérien. Le sort du trafic est intimement lié à l'évolution de la devise britannique. Si la livre reste durablement au-dessous de son niveau antérieur au référendum, cela aura aussi des répercussions sur la facture de kérosène libellée en dollar.
Les coûts des compagnies basées sur le sol britannique vont donc augmenter tandis que leurs recettes vont baisser. Le Royaume-Uni étant le deuxième plus gros pourvoyeur de touristes vers l'Europe, l'effet sera particulièrement douloureux.
Sur le plan juridique qu'est-ce que le Brexit va changer pour les compagnies britanniques ?
À première vue à peu près tout : il remet en cause leur droit de voler librement en Europe comme dans les pays liés par un accord à ciel ouvert avec l'Union européenne. En clair, cela veut dire par exemple qu'Easyjet n'aura plus le droit d'opérer aux États-Unis. Cela veut dire aussi que la holding IAG née sur les décombres de British Airways et Iberia n'a plus le droit de détenir 49 % de la compagnie espagnole et de sa filiale low-cost Vueling, tout comme elle n'a plus le droit de détenir 49 % de l'Irlandaise Aer Lingus.
Toute la dérégulation du ciel européen doit être revue et corrigée. La Suisse, la Norvège, et même la Turquie ont signé un accord ciel ouvert avec l'Union européenne, le Royaume-Uni pourrait donc tout à fait obtenir un accord équivalent, mais cela prendra du temps, et cela dépendra de la négociation politique du Brexit.
Cette lenteur, ces incertitudes sur le calendrier auront aussi un impact négatif pour les transporteurs britanniques
Faute de visibilité, les compagnies vont suspendre leurs investissements, leurs achats d'avion par exemple, ou bien la décision d'ouvrir de nouvelles lignes. Un gel néfaste pour le transport aérien comme pour toute l'économie : « les liaisons aériennes, rappelle à juste titre le président de l'Association internationale du transport aérien, facilitent l'activité, créent de l'emploi et construisent la prospérité ».