Brexit: le ministre britannique des Finances veut rassurer les marchés

Rassurer, voilà le mot du jour en Europe. Rassurer les marchés financiers après la décision des Britanniques de quitter l'UE, c'est la mission que s'est fixée George Osborne lundi matin 27 juin. Le ministre britannique des Finances a présenté les mesures que le gouvernement britannique entendait prendre pour protéger les intérêts nationaux. Et l'heure n'a pas été choisie au hasard, juste avant l'ouverture des bourses européennes très secouées vendredi après la victoire du « out » au référendum. Cette intervention du ministre de l'Economie était particulièrement attendue.

Depuis la démission de David Cameron vendredi 24 juin, le silence du gouvernement était assourdissant et l’intervention de George Osborne ce lundi matin, si elle ne rassure pas complètement les marchés, va au moins rassurer les Britanniques, estime notre envoyée spéciale à Londres, Béatrice Leveillé.

Pendant que David Cameron cherchait à gagner du temps en repoussant l’activation de l’article 50 au mois d’octobre et que tout le monde s’étonnait qu’il n’y ait aucun plan post-referendum, le chancelier de l’échiquier a mis en œuvre un plan de défense de l’économie britannique et de la livre sterling. Il met en garde les spéculateurs : cette action va se poursuivre en coordination avec les autres grandes nations.

Sur le plan politique, il s’est présenté comme le possible successeur de David Cameron, laissant entendre qu’il était prêt à assumer le vote de ses concitoyens bien qu’il ait appelé a voté pour rester dans l’Union européenne. Sa ligne est claire : c’est mon pays, nous avons tout fait pour qu’il y ait une économie forte et je suis prêt à le défendre. Le ton était grave et quel que soit le futur Premier ministre il n’a pas caché que le budget devrait être réajusté. Les Britanniques devront donc à nouveau faire des sacrifices.

Récession mesurée dès 2017

Georges Osborne avait prédit la récession en cas de Brexit, l'heure manifestement n'est plus aux prédictions mais à l'apaisement. Le ministre britannique des Finances a assuré que la Grande-Bretagne était solide et prête à faire face à ce que l'avenir lui réserve. Un optimisme aussitôt mesuré par les économistes de Godman Sachs qui estiment eux que Londres connaitra une récession mesurée dès 2017. Le Brexit devrait entamer le PIB britannique de 2,75 % dans les 18 prochains mois.

Avant le scrutin, plusieurs études avait comparé les perspectives de croissance pour la Grande-Bretagne en cas de Brexit ou de maintien à horizon 2030. Elles s'accordaient toutes pour dire que malgré le Brexit, le PIB britannique continuerait de croître, plus ou moins rapidement. La prévision la plus pessimiste est celle du Trésor britannique qui prévoyait dans son pire scénario une contraction de 9,5 % du PIB. Tout dépendra en fait des négociations et des accords auxquels le Royaume-Uni aboutira pour retrouver un accès au marché unique.

« Ne sous-estimez pas notre détermination »

« Nous avons discuté de notre réponse coordonnée avec d’autres grandes économies, et avons appelé vendredi les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 », a déclaré le ministre des Finances qui a expliqué avoir été en contact régulier avec le gouverneur de la banque d'Angleterre pendant le week-end et assurer avoir « d’autres plans de secours mûrement réfléchis si le besoin s’en fait sentir ».

Ces dernières 72 heures, George Osborne a été en contact avec ses homologues  de l’Union européenne, les gouverneurs des banques centrales, le directeur exécutif du FMI, le secrétaire du Trésor américain et le président du Congrès américain, tout comme les dirigeants d’institutions financières majeures, pour que « nous puissions ensemble suivre de près tous les développements ».

« Les prochains jours ne seront pas sans difficultés », a-t-il encore déclaré avant d'ajouter : « Mais je vais être clair. Ne sous-estimez pas notre détermination. Nous étions préparés à l’imprévu, et nous avons de quoi affronter tout ce qui peut advenir. Et nous sommes déterminés à ce que, contrairement à ce qui s’est passé il y a huit ans, le système financier britannique aide notre pays à faire face à quelque choc que ce soit, et amortisse ces chocs - non qu’il n'y contribue ou les aggrave ».

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