Le Brexit déprime les marchés de matières premières et cela pourrait durer un long moment. Dès vendredi, les cours ont fortement chuté, - 5 % pour le pétrole, - 7 % pour les métaux industriels, - 6 à - 12 % pour les céréales et le soja aux États-Unis. Même le marché européen des droits à polluer a plongé, la tonne de CO2 ne vaut plus 5 euros, elle a perdu 17 %
Les investisseurs ont déserté les matières premières, les actions et la livre sterling pour des valeurs refuge : le dollar et l’or, qui a pris 8 %, jusqu’à Singapour on s’est jeté sur les lingots ! Le dollar se renforçant, les achats de matières premières sont d’autant plus découragés qu’ils sont libellés en billets verts.
Vers une reprise des prix des métaux ?
Les plus optimistes estiment que les prix des métaux vont se reprendre, menés par la Chine plus que par les tumultes de l’Europe. La moitié des courtiers de la bourse des métaux de Londres aurait d’ailleurs voté pour la sortie de l’Union européenne, prônée par Nigel Farage, le leader anti-européen de UKIP, lui-même ancien courtier.
Pourtant, avec l’incertitude qui pèse sur l’avenir de l’Europe et la chute des monnaies des pays émergents face au dollar, beaucoup anticipent un ralentissement des échanges mondiaux. Les cours du pétrole devraient être les plus malmenés, le baril peinera à retrouver la barre des 50 dollars.
Quel avenir pour le négoce des matières premières ?
Seuls les produits libellés en livre sterling ont mécaniquement vu leur prix grimper. Le cacao coté à Londres a gagné près de 3 %, alors qu’à New York il chutait de 5 %. L’écart va se creuser entre les deux marchés de la fève. Même phénomène de hausse pour le prix spot du gaz au Royaume-Uni (NBP), considéré comme la référence européenne pour ce marché. Une référence que les Pays-Bas pourraient ravir au Royaume-Uni après le Brexit. De même, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pourrait perdre son statut de prix mondial du pétrole, au profit du baril américain.
Au-delà le négoce des matières premières restera-t-il à Londres ? Un statut offshore pourrait l’avantager. Mais la Banque centrale européenne voudra peut-être taper fort pour éviter la contagion en empêchant les clients de la zone euro de passer, pour leurs transactions, par les chambres de compensation britanniques.