En France les travaux publics butent sur l’amiante naturel

Les retards de chantiers se multiplient en France, parce qu'on a découvert, dans les matériaux, de l'amiante naturel.

En France, les travaux publics butent sur l’amiante naturel. Tout a commencé en 2013, lorsque l'on a rénové des chaussées dans Paris, rappelle-t-on à l'Union nationale des industries des carrières et des matériaux, l'UNICEM. En vérifiant qu'il n'y avait pas d'amiante industriel dans les enrobés des anciens bitumes, on a découvert la présence de fibres inhalables là où il n'y avait pas du tout d'amiante ! A la place on a trouvé de l'actinolite, un minéral très répandu dans les roches métamorphiques, telles que le granit. Un minéral inoffensif dans 99% des cas, précise le géologue du BRGM mobilisé sur ce dossier, Didier Lahondère, « mais dont les gros cristaux peuvent se fragmenter en fibres inhalables quand on les broie... Comme une poignée de spaghetti qui s'éparpilleraient. »

Même si cet amiante naturel libère dix mille fois moins de fibres dans l'air que l'amiante industriel interdit en France depuis vingt ans, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a considéré qu'il fallait appliquer les mêmes précautions que sur les chantiers de désamiantage lorsque l'on trouvait des traces de fibres d'actinolite au diamètre inférieur à 5 microns : combinaisons, masques, atmosphère confinée. Le chantier du tramway parisien a pris beaucoup de retard pour cette raison, la rénovation des chaussées de la capitale également, et d'autres chantiers urbains à Bordeaux ou Saint-Brieuc, dans l'ouest de la France.

Depuis trois ans les géologues s'activent à la source du problème : les carrières de granulats, le matériau par excellence du bâtiment et des travaux publics. « Après une cartographie précise de l'actinolite, il a été décidé de mesurer les émissions de fibre dans l'air de 39 carrières, sur les 3600 que compte la France, soit 1% », précise Mathieu Hiblot secrétaire général de l'UNICEM. Mais à part une carrière de granulats fermée en Corse, aucun site n'a dépassé les limites d'exposition professionnelle aux fibres, souligne le géologue Didier Lahondère. C'est un mystère pour les scientifiques français, ils ne comprennent pas encore comment ces fibres se comportent, une fois qu'elles se retrouvent dans les routes, les bâtiments ou les ballasts de chemins de fer. C'est également un défi socio-économique pour les carrières françaises, déjà malmenées par la crise du bâtiment.

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