En France, le bâtiment et les travaux publics posent les fondations du recyclage de leurs matériaux : les déchets issus de la construction, de la déconstruction et de la rénovation des bâtiments et des chaussées. Une filière toute nouvelle, qui a fait son apparition à l’automne dernier au sein de FEDEREC, le syndicat professionnel de l’industrie du recyclage, aux côtés du recyclage très ancien des métaux ou, plus récent, du plastique.
Les déchets du bâtiment et des travaux publics sont un gisement très peu valorisé en France. Il est vrai qu'ils sont très mélangés : verre, bois, plastique, plâtre, métaux, bitume des chaussées et déchets inertes comme le béton, la pierre, la brique, les ardoises, les tuiles, les cailloux et la terre... La France n'est pas aussi mal placée que les Etats-Unis, où l'on ne recycle quasiment aucun déchet de construction. Ils sont stockés ou enfouis, les vastes étendues ne manquent pas. Mais la France est bien à la traîne en Europe, par rapport aux pays scandinaves, au Benelux et à la Grande-Bretagne, qui décourage l'enfouissement des déchets du bâtiment par une taxe à la tonne très élevée.
La nouvelle loi sur la transition énergétique pourrait cependant constituer un tournant en France : elle impose que 70 % des déchets de chantier soient recyclés d'ici 2020. Cinq ans pour parvenir à cet objectif, c'est un sacré défi, reconnaît Erwan Le Meur, le président de la nouvelle branche « Bâtiment et travaux publics » de FEDEREC, puisque seuls 40 à 45 % des déchets de chantier sont recyclés aujourd'hui, soit 38 millions de tonnes. Les obstacles sont nombreux : du côté de la ressource, il est difficile de trier les déchets du bâtiment en ville ; l'éco-conception des constructions n'en est qu'à ses balbutiements (projets de recherche « Demodulor » ou « Democles »), on prévoit à peine de pouvoir récupérer les plaques de plâtres dans 20 à 30 ans.
Côté utilisateur, il n'y a pas d'incitation fiscale à l'emploi de matériaux recyclés dans le bâtiment en France, ni de collaboration entre les architectes, les maîtres d'ouvrage et leurs fournisseurs. La toute jeune filière du recyclage des déchets de la construction née l'an dernier mise en revanche sur l'effet d'entraînement du chantier du Grand Paris, où les collectivités locales et les grandes entreprises du BTP se voudront exemplaires sur les déchets des travaux.