On ne sait pas encore quel sera le résultat de ce sommet, la seule certitude ce sont les conséquences en cas d'échec : Athènes sera dans l'incapacité de rembourser le FMI avant la fin du mois puis la Banque centrale européenne en juillet. Le pays glissera vers le défaut de paiement. Cela veut dire une crise économique prolongée assurée pour les Grecs et des dommages collatéraux, financiers, politiques, pour la zone euro qu'on a encore du mal à évaluer avec certitude, mais que tous les gouvernants européens redoutent. Pour éviter ce scénario catastrophe, Bruxelles doit verser aux Grecs la dernière tranche d'aide prévue. En échange Athènes doit boire encore une potion amère d'austérité.
Techniquement, ce marchandage porte sur des économies annuelles de l'ordre de 500 millions à un milliard d'euros, c'est ce qui a été discuté par les ministres des Finances ce matin, cela parait à portée de main, mais politiquement c'est une autre histoire, car Alexis Tsipras a fixé ses lignes rouges, pas exemple aucune baisse des retraites n'est envisageable.
Le FMI et les Européens trouvent les retraites grecques trop généreuses
C'est l'une des grosses controverses entre Athènes et ses créanciers. Le FMI affirme que le montant moyen des pensions grecques est aujourd'hui de 1150 euros par mois, c'est-à-dire presque autant qu'en Allemagne. L'autre chiffre qui étonne, voire scandalise, c'est le poids des retraites dans le produit intérieur brut de la Grèce, 17 % selon le FMI alors que la moyenne européenne est de 13 %. Ces données alimentent la thèse des abeilles grecques financées par les fourmis du reste de la zone euro. En fait, ces données sont sujettes à caution, le premier chiffre n'a pas été vérifié par d'autres sources, et le second est très relatif.
L'OCDE donne une estimation plus basse ; enfin on oublie souvent que le produit intérieur brut de la Grèce a fondu d'un quart à cause de l'austérité, c'est pourquoi le paiement des retraites pèse de plus en plus lourd. Les dernières propositions sur la table des négociations prévoient la fin immédiate du régime des préretraites. Elles sont aujourd'hui jugées satisfaisantes par les créanciers, mais d'autres points majeurs de discorde ne sont toujours pas éclaircis.
C'est le cas de l'allègement de la dette grecque réclamé par Alexis Tsipras
La balle est cette fois dans le camp des Européens. Ils avaient promis d'effacer une partie de la dette publique dès que la Grèce présenterait des comptes excédentaires. C'était le cas en 2014, or ils s'en sont bien gardés tant le sujet est sensible politiquement. Le FMI de son côté plaide depuis longtemps en faveur d'une nouvelle restructuration. Le chef du gouvernement grec n'en fait pas une question de principe, mais de survie : sans un nouvel haircut (une décote de la dette), son pays ne parviendra pas à reprendre son souffle. La Grèce demande un remboursement étalé, dissous dans le temps et son indexation sur la croissance.
La dette grecque représente aujourd'hui 170 % de son PIB. En euro, cela fait 317 milliards, dont 240 fournis dans le cadre des plans de sauvetage. François Hollande serait favorable à un accord global et durable, ce qui laisse entendre qu'il serait d'accord pour traiter l'épineuse question de la dette. Angela Merkel, la plus intransigeante là-dessus, est plus mystérieuse. Il y a encore du temps cette semaine pour parvenir à un accord estime la chancelière. La nuit de négociation qui s'annonce ne sera peut-être pas la dernière.
♦ En bref dans l'actualité économique :
Les Philippines achètent des bateaux pour défendre leur zone de pêche
Une centaine de navires seront livrés avant la fin de l'année. L'archipel ne dispose pour le moment que d'une vingtaine de vaisseaux pour protéger ses 36 000 kilomètres de côtes. Les incidents avec des pêcheurs illégaux chinois ou taiwanais sont de plus en plus fréquents dans les eaux territoriales philippines.