Aux cris de « non à l'austérité » et « non au terrorisme financier », rapporte notre envoyée spéciale à Athènes Aabla Jounaïdi, des habitants d'Athènes, partisans ou non de Syriza, ont fustigé l'intransigeance des créanciers du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Union européenne, accusés d'accélérer l'étranglement de l'économie grecque.
Irène, 30 ans, est biologiste. Son salaire n'a cessé de baisser ses derniers mois. Amère, elle lâche que ce n'est pas au peuple de payer l'addition : « On demande la rupture avec les créanciers. On pense qu’il y a d'autres solutions. Cette dette est illégale. Il faut la supprimer. Nous, le peuple, ne devons rien à personne ! »
Alexis Tsipras a soumis une proposition de sortie de crise aux dirigeants européens. Quelle a été la teneur de cette proposition ? On l'ignore pour l'instant. Makis, militant du parti Syriza, espère en tout cas que le Premier ministre grec ne pliera pas aux exigences du FMI ce lundi à Bruxelles :
« Je suis venu pour dire un grand " non " au chantage qui est fait au peuple grec. Pour l’instant, le gouvernement s’est montré inflexible et s’oppose aux conditions des créanciers. Mais il doit sentir que le peuple est avec lui pour se sentir plus fort. » C'est toujours entre colère et résignation que les Grecs attendent la prochaine étape qui pourrait mener leur pays vers la cessation de paiement, et/ou vers la sortie de la zone euro.
Nouvelle manifestation
Un nouveau rassemblement se préparait ce lundi après-midi devant le Parlement. Si la Bourse d’Athènes était plutôt optimiste depuis le matin, le flou des discussions à Bruxelles alimente l’inquiétude et le pessimisme dans la population.
Beaucoup de Grecs s’attendent à un accord entre leur gouvernement et ses créanciers, mais un accord qui aboutirait encore plus à des mesures d’austérité, notamment une nouvelle baisse des pensions de retraite et une hausse des taxes.
Ainsi, un banquier de la Banque nationale de Grèce que RFI a rencontré souhaite « bon courage » à ses concitoyens, car il s’attend à de très mauvaises nouvelles. On redoute par exemple que les promesses sociales faites en début d’année par le parti Syriza d’Alexis Tsipras, comme l’augmentation du salaire minium à 700 euros ou le soutien aux petites retraites, ne soient purement enterrées.
Le maintien sous perfusion de l’économie grecque, que l’on voit se profiler ici, ne donne pas beaucoup d’espoir non plus. Certes, on ne sortirait pas de l’euro, mais les mesures d’austérité redoutées empêcheraient durablement le pays de relancer son économie.
Journée marathon
« La mère des réunions ». C'est ainsi que titre ce lundi matin Le Quotidien des rédacteurs, un journal autogéré de gauche, rapporte notre correspondante à Athènes Charlotte Stiévenart. Il est rejoint par un autre quotidien, plus à droite, Ethnos (« la nation »), qui parle lui aussi de « la mère de toutes les négociations ».
Eletheros Typos, la presse libre, prend un ton encore plus dramatique. Pour ce quotidien de centre-droit, le gouvernement n'a plus le choix : « C'est un paquet [sous entendu de réformes] douloureux ou la faillite ».
La plupart des journaux grecs reviennent sur les propositions du gouvernement d'Alexis Tsipras faites dimanche. Le quotidien Ta Nea estime que le Premier ministre grec brise ses lignes rouges. Ce journal orienté centre-gauche et proche des socialistes du Pasok liste la fin des retraites anticipées, plus de taxes pour plus d'entreprises et une taxe sur la valeur ajoutée qui passe à 23 % dans la restauration.
Reste à savoir si les créanciers vont les accepter. Pour le quotidien économique I Navtemboriki, c'est donc l'heure des décisions pour eux, comme pour la Grèce.