Cette fois, ça y est, à 84 ans, le milliardaire australo-américain Rupert Murdoch serait sur le point de passer à ses deux fils les rênes de son groupe audiovisuel. James, le cadet, aura la direction opérationnelle de la Twenty First Century Fox, la branche audiovisuelle de l’empire. L’aîné assurera, aux côtés de son père dont était un temps brouillé, la présidence exécutive. En Grande Bretagne, on retrouve dans ce groupe la chaîne Sky News, le producteur Shine qui s’est associé au néerlandais Edemol et le bouquet de chaînes payantes B Sky B, également présent en Italie ou en Allemagne. En Asie, Murdoch possède la plateforme Star TV qui produit notamment à Bollywood. Quant aux Etats-Unis, pour lesquels le magnat avait accepté de changer de nationalité, c’est le pays de la Fox, son légendaire studio hollywoodien qui a produit Star Wars ou Avatar mais aussi de Fox News ou de sa chaîne National Geographic.
On le voit, le groupe de Murdoch est un empire mondialisé. En 2013, il s’est scindé en deux pour loger dans son ancienne structure, News Corp, sa centaine de journaux, de moins en moins rentables et dont le magnat a tendance à se débarrasser. Depuis l’affaire News of the world, ce journal à scandale qu’il avait dû arrêté en 2011 après des écoutes téléphoniques illégales qui avaient coûté son poste à un ancien rédacteur en chef devenu conseiller de David Cameron, il n’y a plus guère que le Wall Street Journal, le quotidien des affaires racheté en 2007, qui l’intéresse vraiment car c’est un véritable outil d’influence.
Même si Murdoch pèse encore dans l’opinion populaire avec des titres comme The Sun ou le New York Post, même s’il reste attaché au berceau australien des journaux paternels, il sait bien que la fabrique de l’opinion conservatrice anglo-saxonne passe par l’écran. On se souvient en tout cas que c’est toujours la mise en branle d’une incroyable force médiatique au service de Margareth Thatcher, Tony Blair ou de la famille Bush qui a toujours fait que Rupert Murdoch est à la fois honni, admiré et surtout craint de part et d’autre de l’Atlantique.
Ses deux fils iront-il dans le même sens ? Ce qui est sûr, c’est que ce côté faiseur de rois a un peu détourné Murdoch des vrais enjeux numériques du 21e siècle. En 2005, il a racheté à prix d’or le réseau My Space que personne ne connaît plus. Il s’efforce malgré tout de se diversifier dans des activités en ligne. Ce qui est sûr, c’est que le monde de l’Internet se fait sans lui. D’ailleurs, il n’a pas pu empêcher Edward Snowden d’avoir un rayonnement planétaire.