Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, tickets de rationnement et pénuries sont dans tous les esprits. L’obsession des Européens c'est d'atteindre l'autosuffisance alimentaire, et la politique mise en place pour atteindre cet objectif s'avère très efficace. Non seulement les Européens n'ont plus faim, mais ils sont devenus leaders de la planète agricole.
Plus un agriculteur produit, plus il touche d'aide de la PAC, la Politique agricole commune. Résultat : au début des années 80, l'Europe déborde de lait et de beurre. L’éleveur produit toujours plus et ne s'inquiète pas de savoir s'il pourra vendre. Quand il n'a pas de clients, c'est Bruxelles qui achète et stocke dans les frigos de l'Union. Politique ruineuse, Bruxelles décide donc en 1984 de limiter la production et instaure les fameux quotas laitiers, au risque pour l'éleveur qui les dépasse d'être sanctionné.
Des quotas diversement appliqués selon les Etats. La France, par exemple, fait le choix de saupoudrer ces quotas sur l'ensemble du territoire, y compris dans les régions les moins rentables. Alors qu'en Allemagne ou aux Pays-Bas, les quotas sont marchands, se vendent et s'achètent au gré des besoins.
Un choix dont on voit les répercussions aujourd’hui : les fermes ont grandi et sont devenues des exploitations, parfois des fermes industrielles, avec des troupeaux de plusieurs centaines de têtes. Les fermes les plus solides disent adieu aux quotas sans ciller, les plus fragiles évidemment se demandent de quoi sera fait demain, une fois lâchées dans le grand bain de la mondialisation.
Car la fin des quotas c'est cela : les Européens engagés dans une course effrénée pour la conquête des nouveaux marchés (chinois, japonais, moyen-orientaux ou africains) avec pour concurrents des géants. Comme la Nouvelle-Zélande, premier exportateur au monde. Et du côté des prix, c'est la quantité produite et disponible qui fixera désormais les cours et non plus l'inverse, or le lait ne manque pas. L'Union européenne se veut rassurante, si on veut, elle a déjà prévu les mesures en cas de crise.