On s'achemine vers une nouvelle crise du lait en France. Pourtant, la bonne santé du marché laitier mondial, tiré par la demande chinoise, russe et du Moyen-Orient, justifierait une nouvelle hausse du prix du lait à la ferme. Mais les deux plus grandes enseignes de supermarchés, Carrefour et Leclerc, refusent toute hausse des prix des produits laitiers en rayon, alors que leurs fournisseurs de l'industrie laitière ont déjà octroyé 9% de hausse aux producteurs de lait en 2013, sans pratiquement rien gagner sur le lait en pack, voire en perdant de l'argent sur leurs yaourts.
L'an dernier, on avait dû recourir à un médiateur pour augmenter le prix au producteur de 32 à 35 centimes d'euros le litre. Selon la Fédération nationale de l'industrie laitière, la Loi de modernisation de l'économie de 2008, qui autorise la grande distribution à négocier les tarifs des fournisseurs, est néfaste. La France est le seul pays où on a besoin d'un médiateur pour arbitrer les relations commerciales, se plaint son président.
En Allemagne, le prix du lait a augmenté sans problème à 40 centimes le litre l'an dernier, la distribution a répercuté la hausse en rayon. Cette année, il est fort à craindre que l'industrie laitière ne réponde pas aux attentes des éleveurs français, 38 centimes le litre : les petites et moyennes entreprises sont prises à la gorge ; quant aux géants, Lactalis ne veut pas continuer à rogner ses marges en France alors qu'il ne fait encore aucun profit en Inde où il vient d'investir.
Les négociations commerciales s'achèvent légalement vendredi : elles seront scrutées avec fébrilité par les producteurs de lait de vache mais aussi par les producteurs de lait de chèvre, dont beaucoup ont abandonné cet élevage à cause de la guerre des prix que se sont livrées les grandes enseignes sur le prix du fromage de chèvre, il y a trois ans. Au point qu'aujourd'hui on manque de lait de chèvre en France.