La Nouvelle-Zélande essaie d'éponger le surplus mondial de lait. Hier la première coopérative du pays, Fonterra, également premier transformateur de lait au monde, a diminué de plus de 40 % le paiement aux producteurs par rapport à l’an dernier. L’an dernier avait été une année record de rémunération des éleveurs néo-zélandais, qui exportaient comme jamais leur lait vers la Chine.
Mais cette année, ils recevront leur plus bas revenu depuis huit ans. Entre temps, il y a d’abord eu une fausse alerte à la bactérie dans du lait infantile de Fonterra, destiné aux bébés chinois. Le géant du lait néo-zélandais a eu beau démentir, le mal était fait : la Chine, qui avait constitué d’énormes stocks de poudre de lait, pouvait se permettre de bouder son premier fournisseur, après l’avoir plébiscité au lendemain du scandale de la mélamine mortelle dans le lait chinois.
Les consommateurs chinois se tournent désormais de plus en plus vers le lait en poudre américain et européen, réputé encore plus sûr. Cela tombe bien pour l’Europe et les Etats-Unis, qui ne savent plus quoi faire de leur poudre de lait depuis que la Russie a fermé ses portes aux produits alimentaires occidentaux.
Le surplus laitier mondial, engendré par le ralentissement des importations chinoises et l’embargo russe, pourrait s’aggraver puisque l’Union européenne s’apprête à supprimer ses quotas laitiers, qui plafonnaient la production. Alors, Fonterra force la production néo-zélandaise à diminuer.
Les éleveurs, payés moitié moins cher ne fourniront pas d’aliments complémentaires au bétail, les vaches se contenteront de paître dans les prairies ou seront conduites à l’abattoir. Le lait n’est plus considéré comme l’or blanc cette année, la perte pour la Nouvelle-Zélande est chiffrée à plus de 6 milliards de dollars néo-zélandais, près de 5 milliards de dollars américains.