Bientôt libérés des quotas laitiers, les producteurs de lait européens se tournent avec espoir vers le marché mondial. Un marché de consommation en pleine croissance, en Asie - Chine ou Thaïlande, où la production de lait est insuffisante, moins fiable en qualité, et plus chère, parce que très dépendante des importations de fourrage. La consommation est également croissante en Afrique. Une demande supplémentaire à laquelle les collecteurs de lait européens pourront répondre sans entrave à partir du 1er avril, puisque les quotas laitiers qui limitaient la production de chacun des États d'Europe et de chacun des éleveurs, depuis trente ans, disparaissent.
Les entreprises et les coopératives laitières européennes sont donc, on le comprend, très optimistes sur l'après-quota ! Les éleveurs sont beaucoup plus méfiants : ils craignent de ne pas bénéficier à plein de l'amélioration des cours. Des cours mondiaux pourtant très bons en 2014, et encore très corrects en ce début d'année 2015, malgré l'embargo russe sur les produits laitiers européens, car le premier exportateur mondial, la Nouvelle-Zélande, est à nouveau confronté à la sécheresse.
En France, les éleveurs montent au créneau, ils viennent de lancer une action de groupe contre l'industriel Lactalis, accusé de ne pas respecter ses engagements de prix. Pieds et poings liés à leur collecteur, les éleveurs ont une marge de négociation très limitée, avec un nombre réduit d'entreprises, qu'ils soupçonnent parfois de s'entendre sur les prix. Ils espèrent desserrer cet étau grâce à l'arrivée de nouveaux acteurs laitiers d'autres pays d'Europe, voire des antipodes : le géant néo-zélandais du lait, Fonterra, premier fournisseur de la Chine, vient de prendre pied aux Pays-Bas, pour capter une partie de sa production laitière.