Ce nouvel engagement du FMI avait été annoncé dans la foulée de la signature de l'accord de paix de Minsk 2. Cinq milliards de dollars seront versés dans les prochaines semaines. C'est une question de survie pour un pays totalement exsangue.
L'Etat ukrainien doit colmater les brèches. Et d'abord payer son pire ennemi, la Russie, qui est son principal fournisseur de gaz. 60 % du gaz consommé en Ukraine est importé de Russie. L'ardoise s'élèverait à un milliard 500 millions d'euros. L'autre urgence c'est de soutenir les banques. Certaines pourraient s'effondrer sous le poids des créances douteuses. Ces prêts qui ne seront probablement jamais remboursés représentaient 2 à 3 % de leurs bilans avant le début du conflit, c'est aujourd'hui 16 % des encours.
Les efforts désespérés de la Banque centrale pour soutenir la monnaie ont propulsé l'inflation à 24 % en décembre. Sans grand résultat. La grivnia poursuit sa chute. Ce matin, la ministre des Finances a annoncé l'ouverture de négociations pour restructurer la dette publique. A la veille des manifestations de la place Maïdan en novembre 2013, elle représentait 37 % du Produit intérieur brut ; c'est aujourd'hui 66 % du PIB.
Pendant longtemps le FMI a conditionné son aide à des réformes structurelles, comme la fin des subventions au gaz, est-ce encore le cas ?
Le FMI maintient effectivement la pression. Le gouvernement a d'ailleurs annoncé la fin des subventions au gaz qui dévorent environ 6 % de la richesse nationale. Mais le Fonds est bien conscient des difficultés de l'exercice. Comment réformer une économie, la relancer, quand la guerre couve toujours et contraint les dirigeants à se concentrer sur les affaires courantes ?
L'économiste ukrainienne Svitlana Schmelova, qui a donné aujourd'hui à Paris une conférence sur la situation de son pays, explique que les ministres sont sollicités au quotidien pour répondre à des problèmes urgents. Impossible dans ce climat de penser à l'avenir, reconnait-elle. Et puis, même si Minsk 2 a apporté un peu de répit à l'est du pays, le bras de fer avec les rebelles et la Russie est loin d'être terminé.
L'Ukraine redoute de laisser une partie de son tissu économique dans cette guerre
Elle y a déjà laissé un bras. L'avancée militaire du mouvement séparatiste explique en grande partie la chute de son Produit intérieur brut. Il a décru de plus de 6 % l'année dernière, l'hémorragie continue. Le PIB devrait reculer de 4 à 5 % cette année. Les rebelles ont pris le contrôle de l'aéroport de Donetsk aujourd'hui en ruines, ils ont la maîtrise du rail. Il leur faudrait conquérir la ville portuaire de Marioupol pour garantir aux régions de l'Est une économie viable.
Pas question pour Kiev de renoncer à ce port par où sortent les deux tiers des exportations d'acier de l'Ukraine. Et puis les autorités sont aussi confrontées à la vague des déplacés. Chaque jour, 80 000 personnes quittent les régions de l'Est pour l'Ouest. Parmi elles, beaucoup de retraités qui ont perdu leur maison dans les combats. Rien n'indique que ces familles retourneront chez elles une fois la paix retrouvée, c'est aussi une charge supplémentaire pour le gouvernement central.
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Deux banques européennes recalées aux tests de résistance organisés aux Etats-Unis
Les filiales américaines de la Deutsche Bank, allemande comme son nom l'indique, et de l'espagnol Santander ont échoué aux tests menés par la Réserve fédérale. En revanche, toutes les banques américaines ont réussi l'examen. Les deux banques continueront leur activité mais doivent renforcer leur processus de surveillance des risques.