Avec nos envoyés spéciaux à Novoazovsk, Boris VichithetAnastasia Becchio
Deux camions d'ambulance stationnent dans la cour de l'hôpital de Novoazovsk, ville tenue par les séparatistes, au bord de la mer d'Azov. Avec le cessez-le-feu, les services d'urgence ont moins de travail, mais depuis que Kiev a décidé d'imposer une frontière avec les régions séparatistes, leur tâche est devenue beaucoup plus délicate, se plaint le docteur Andrei Doubnievski, chef du service ambulancier : « Marioupol a arrêté de nous fournir en médicaments, en carburant pour nos ambulances, et a cessé de payer nos salaires. Ca signifiait condamner une population de 70 000 habitants à rester sans aide médicale d'urgence. Mais nous avons réussi à maintenir le système avec nos propres forces. Ca n'est pas juste de laisser des femmes enceintes, des malades chroniques, dans une zone de guerre sans urgence médicale, c'est immoral. »
La cité balnéaire tourne au ralenti. De nombreux magasins et cafés sont fermés, faute d'approvisionnement. Les promenades sur le front de mer restent l'une des rares distractions. Les enfants de Svetlana Grivorioevna sont de l'autre côté du front, à Marioupol, et pour aller les voir, c'est un vrai casse-tête : « Avant, ça nous prenait vingt minutes pour aller à Marioupol, mais aujourd'hui, ça prend cinq heures pour passer la frontière. On ne peut plus faire l'aller-retour dans la journée. Regardez comment la ville s'est transformée : les magasins sont vides, les prix se sont envolés. Ça fait peur de voir tout ça. On subit un blocus. » Un blocus que les habitants des zones sous contrôle séparatistes souhaitent voir levé de tout cœur.