Car la reprise est bien là, elle est même vigoureuse. Les experts de l'OCDE, le club des pays développés, confirment aujourd'hui ce que le président de la Banque centrale européenne a vendu jeudi dernier à la réunion mensuelle du Conseil des gouverneurs. Selon l'OCDE, la dynamique de croissance s'est nettement améliorée pour l'Allemagne, la France et l'Italie, c'est-à-dire pour les trois plus grandes économies de l'Union monétaire. Voilà qui valide les prévisions optimistes de Mario Draghi.
Cette année la croissance sera non pas de 1 % comme le prévoyait la BCE en décembre, mais de 1,5 %, a-t-il annoncé jeudi avec une autosatisfaction non dissimulée : c'est formidable, a-t-il expliqué, avant même sa mise en oeuvre, l'assouplissement monétaire produit déjà des effets stimulants. L'euro baisse, les prix se relèvent un peu. Les signes positifs sont bien là. Et ils s'ajoutent aux statistiques réjouissantes de la semaine dernière sur la baisse du chômage, à son plus bas niveau depuis août 2012, à 11,2 %.
Si tout va bien, à quoi bon faire marcher la planche à billets ?
Parce que l'économie ne se paie pas que de bons mots, mais d'argent frais,  il faut mettre à exécution le programme annoncé. Et ce n'est pas une opération  sans risque. Injecter chaque mois 60 milliards d'euros sur les marchés (au  total 1 140 milliards d'euros), cela veut dire alourdir considérablement le bilan  de la BCE. À terme, il retrouvera le niveau atteint au plus fort de la crise de  la dette, quand la BCE soutenait à bout de bras les maillons faibles de la zone  euro.
C'est pourquoi le patron de la Banque centrale européenne a  soigneusement déblayé le terrain en convainquant les dirigeants européens et les  marchés du bienfondé de sa politique monétaire. Et cela selon un calendrier qui  s'avère particulièrement opportun. L'assouplissement monétaire intervient en  Europe au moment où les États-Unis sont complètement sortis de la crise, ce qui  crée un salutaire appel d'air pour l'économie européenne.
Concrètement comment les capitaux injectés sur les marchés vont-ils  se transformer en croissance ?
En rachetant de la dette, la BCE distribue de l'argent. Cet argent sera  ensuite redistribué sous forme de crédit par les banquiers, aux particuliers ou  aux entreprises. C'est comme ça qu'on va voir la consommation repartir et donc  les prix remonter. À condition que ce mécanisme fonctionne. Pas sûr que la BCE  trouve suffisamment de titres à racheter selon les sceptiques, car les banques  européennes ont plutôt intérêt à les conserver dans leur bilan. Un doute qui  amuse beaucoup Mario Draghi, il rappelle que la dette est détenue à 50 % hors  d'Europe.
L'autre critique porte sur l'efficacité du dispositif. Dans une  zone où le chômage est encore très élevé, le seul assouplissement monétaire ne  suffira pas à faire repartir salaire et consommation, disent les Cassandre. Il  faudrait pour cela une relance publique disent les keynésiens, des réformes  structurelles selon les libéraux. Dans les deux cas des solutions qui passent  par la politique économique, c'est donc du ressort des États d'accompagner le  programme novateur de la banque centrale européenne.
 
♦ En bref dans l'actualité économique :
La compagnie pétrolière BP annonce la découverte d'un nouveau gisement de gaz au large de l'Égypte
C'est le jackpot pour la compagnie britannique qui a déjà trouvé il y a deux ans un premier gisement important dans la même zone située dans l'est du delta du Nil. La compagnie va investir 12 milliards de dollars en Égypte pour exploiter les hydrocarbures.