Chaque mois, la banque basée à Hong Kong publie l'indice PMI. Cet indicateur prend le pouls de l'activité. Quand il est au-dessus de 50, ça veut dire que l'économie est en expansion, en dessous, c'est la récession qui est en marche. Eh bien, cet indice est tombé au mois de mars à 48,1. Une véritable contre-performance pour la Chine, le plus mauvais chiffre depuis juillet dernier. Pas du tout habituel pour un mois de mars. En février, les Chinois ont largement fêté le Nouvel An, ils auraient dû retrouver de l'élan avec la nouvelle année. D'où les inquiétudes des analystes : mais où va la maison Chine, s'interrogent-ils ? Si l'atelier du monde tourne au ralenti, ne va-t-on pas vers un essoufflement des voisins émergents et même des pays développés qui ont tant de mal à repartir ?
Ces inquiétudes ne sont pas partagées par tous les marchés
Effectivement, en Europe les places financières ont accusé le coup en ouvrant en baisse tandis qu'en Asie, les trois bourses les plus sensibles à l'environnement chinois, Shanghai, Hong Kong et la bourse australienne, ont terminé la séance en hausse. Première explication : les marchés asiatiques ont en mémoire les saisons précédentes. Depuis trois ans, chaque hiver la Chine s'enrhume. Et à chaque fois le gouvernement reprend les rênes, donne un bon coup d'éperon en faisant de la relance. Les opérateurs asiatiques ont donc l'air convaincu qu'une fois encore Pékin va stimuler l'économie. Des pistes ont déjà été évoquées : le combat contre la pollution et le développement des transports urbains pourraient être dopés par de l'argent public, et l'investissement privé pourrait être facilité sur le plan réglementaire. Car si Pékin reste les bras croisés, l'objectif des 7,5% de croissance pour 2014 ne sera pas atteint, et ça, c'est du jamais vu en Chine depuis seize ans, avec la régularité d'un métronome le gouvernement fait en sorte que l'objectif fixé coïncide avec le résultat de fin d'année.
Le gouvernement doit donc faire de la relance pour tenir son engagement ?
Les ventes de détail sont tombées à leur plus bas niveau depuis trois ans, les Chinois consomment de moins en moins. Alors oui, le gouvernement qui a choisi de remplacer le moteur des exportations par celui de la demande interne doit donner un coup de pouce pour faire repartir la machine. Reste à savoir quand et comment les autorités passeront à l'action. Trop à la fois pourrait annihiler tous les efforts menés pour lutter contre la finance de l'ombre et l'endettement excessif qu'elle génère. Ce que les autorités redoutent surtout c'est le chômage et peut-être des remous sociaux que pourrait engendrer ce refroidissement. Or pour le moment, le coup de mou ne s'est pas encore traduit par une augmentation sensible du chômage. Il n'y a donc pas d'urgence à agir. Tant pis si l'objectif de croissance n'est pas tenu. Le Premier ministre a d'ailleurs insisté sur la finalité de la politique économique actuelle : assurer le plein emploi et la hausse des revenus des ménages. Voilà les nouveaux curseurs du régime chinois, et non plus la croissance à tout prix.