Et ce coup de pouce, la France en a manifestement bien besoin. Il suffit d'un coup d'œil aux chiffres pour comprendre combien la France est à la peine. Si le déficit des échanges commerciaux entre Paris et Pékin s'est légèrement résorbé l'an dernier, il n'en reste pas moins abyssal. 26 milliards et demi en 2012, soit 40% du déficit global du commerce extérieur français. Paris ne s'en cache d'ailleurs pas, et l'objectif affiché du voyage de François Hollande en Chine au printemps dernier n'était d'ailleurs pas d'inverser la tendance, mais bien de rééquilibrer les échanges.
La France compense la faiblesse de ses exportations par les profits réalisés en Chine
Regardons la situation sous un autre angle : celui des investissements directs réalisés par les entreprises françaises en Chine. Dans l'aéronautique, le nucléaire civil avec la construction de deux réacteurs EPR à Taishan - projet détenu à 70% par China Guangdong Nuclear Power Company et à 30% par le groupe français EDF. Des investissements également dans l'industrie. Alstom a ouvert en septembre dernier sa plus grande usine hydroélectrique à Tianjin dans le nord-est du pays. Que dire de Schneider électrique. Des projets lancés, des investissements réalisés.
Et juste ce jeudi, cet accord sur la charcuterie française. La France est en passe d'obtenir le précieux agrément sanitaire qui lui permettra d'exporter saucissons et rillettes. Un expert des relations franco-chinoises prenait l'exemple des grands groupes du CAC 40, en posant cette question: est-ce en France qu'ils réalisent le gros de leur chiffre d'affaires ? Non c'est à l'étranger. Et ce que la France ne gagne pas dans ses relations commerciales avec la Chine, elle le compense en profit réalisé en Chine.
À l'instar de PSA Peugeot Citroën qui accuse de lourdes pertes en France, mais réalise d'énormes profits en Chine. Et ce voyage de Jean-Marc Ayrault, d'une durée assez inhabituelle, puisque la visite est de 5 jours, doit aussi conforter cette relation de partenaires avant les célébrations l'an prochain du 50e anniversaire des relations diplomatiques.
Un regard aux autres partenaires européens de la Chine ?
À l'Allemagne surtout ! C'est le partenaire privilégié, apporteur de technologies, Berlin aime à se présenter en ambassadeur de l'Europe auprès de la Chine. En cas de crise notamment comme lors de la dispute autour des panneaux photovoltaïques qui avait assombri les relations sino-européennes l'été dernier. Entre les deux pays, entre la Chine et l'Allemagne les échanges relèvent de l'habitude. Et lorsqu’une habitude est ancrée, et qu'elle est jugée bonne, pourquoi en changer ?
Quant à la Grande-Bretagne, exportatrice de services, elle aussi courtise le géant chinois. Contrairement aux autres pays européens, Londres aurait gagné des positions en Chine depuis le début de la crise, et sensiblement réduit son déficit commercial l'an dernier. David Cameron, le premier ministre britannique poursuit sur cette lancée. Il a fait la semaine dernière le voyage pour Pékin accompagné d'une délégation commerciale à l'importance inédite. La Chine y aurait été sensible.