Le premier ministre japonais en Afrique pour défier la Chine ?

Le Premier ministre japonais arrive ce lundi 13 janvier en Ethiopie. C'est la dernière étape de sa tournée en Afrique, après le Mozambique et la Côte d'Ivoire. Voilà 8 ans que l'Afrique n'a pas reçu la visite d'un dirigeant nippon, et cela intrigue les Chinois.

Pour les Chinois, le premier ministre japonais viendrait en Afrique pour contrer l'influence chinoise. Que Shinzo Abe termine cette tournée historique en Afrique dans un pays, l'Ethiopie considérée comme la base arrière de l'atelier du monde, cela tient de la provocation vu de Pékin.

C'est vrai qu'au regard des chiffres du commerce extérieur, il est temps que Tokyo se réveille. Les transactions entre l'Afrique et la Chine se sont montées à 180 milliards de dollars en 2012, et entre l'Afrique et le Japon à 25 milliards de dollars, 7 fois moins.

Prenant conscience de l'attraction grandissante qu'exerce le continent africain sur le reste du monde, les Etats-Unis, la France ont tenté l'année dernière de redéfinir et de dynamiser leur relation économique avec le continent, tandis que le Japon s'est jusqu'à maintenant cantonné dans un rôle de donateur. Devenir un partenaire commercial, c'est l'ambition et le message délivré par Shinzo Abe. Il est d'ailleurs accompagné par une cinquantaine de chefs d'entreprise nippons. Il y a de quoi faire pour les Japonais. En Ethiopie par exemple une seule entreprise nippone est répertoriée.

Qu'est-ce que le Japon vient chercher en Afrique ?

Des débouchés pour son industrie, sans doute, mais d'abord un peu comme la Chine, un plus grand accès aux matières premières et notamment à l'énergie car depuis Fukushima le Japon cherche à diversifier ses approvisionnements. C'est dans ce contexte que Shinzo Abe a promis au Mozambique un prêt de 700 millions de dollars à des conditions avantageuses pour rénover le réseau routier. Car le Mozambique est un fournisseur prometteur de gaz et un producteur de charbon.

Dans cette démarche, le Japon peut être perçu comme un rival de la Chine mais les moyens des deux pays sont sans commune mesure. Les entreprises chinoises éliminent aisément la concurrence en ouvrant des lignes de crédit pour financer les méga contrats. En Ethiopie par exemple, deux sociétés chinoises, ZTE et depuis peu Huawei règnent sans partage sur les télécoms.

Quels sont les atouts que le Japon peut faire miroiter aux pays africains ?

A défaut de leur offrir de belles demeures comme l'a déclaré à la BBC le porte-parole du premier ministre nippon en faisant allusion au siège de l'Union africaine, cadeau des Chinois aux Africains où Shinzo Abe doit s'exprimer mardi, les Japonais souhaitent faire valoir leur savoir-faire industriel. En Ethiopie par exemple, la construction d'une usine géothermique doit être annoncée dans les prochaines heures. Cette politique n'a rien de très original, c'est aussi celle des autres partenaires occidentaux des pays africains.

C'est par exemple avec des PME françaises que le plus grand parc éolien d'Afrique est en cours de déploiement en Ethiopie. Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Boeing a étonné le petit monde de l'aéronautique en annonçant à l'automne le doublement des capacités de son usine de câblage en Ethiopie. Une annonce qui intervient à quelques mois d'une commande d'Ethiopian Airlines. La compagnie nationale doit renouveler sa flotte de Boeing, elle pourrait lui préférer des Airbus, Boeing a donc pour ainsi dire anticiper les désirs de son client. C’est comme ça que ça se passe, aussi, sur le marché africain !

 

 

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