Le Japon persiste et signe dans la relance monétaire

Au Japon, la Banque centrale a confirmé aujourd’hui son engagement en faveur la relance monétaire. Cette décision est dans le droit fil de la politique adoptée par le Premier ministre Shinzo Abe pour sortir le pays de crise. Cette politique, baptisée « Abenomics », donne des résultats mitigés.

La relance monétaire est le premier pilier de l'Abenomics et ses premiers effets sont foudroyants : le simple fait d'annoncer que la Banque centrale imprimerait massivement du yen a fait baisser la devise nippone de 30% de sa valeur depuis le mois de novembre. Les exportations, notamment de voitures, ont profité de cette bouffée d'oxygène, elles sont reparties à la hausse au premier trimestre. Mais le but essentiel de la Banque centrale est surtout de sortir le pays de la déflation qui le plombe depuis quinze ans. Quand les prix baissent, personne n'achète et l'économie s'immobilise.

C'est pourquoi la Banque centrale s'est donnée comme objectif une inflation de 2%. Et sur ce plan, les résultats se font attendre. Les prix continuent à baisser et les Japonais continuent à épargner, comme ils en ont pris l'habitude pour protéger leur capital. Le deuxième pilier de l'Abenomics, c'est la relance par la dépense publique. Le gouvernement a ouvert de grands chantiers pour faire redémarrer la machine. Un volontarisme salué par la Bourse, le nikkei a grimpé de 50%. En revanche, les entrepreneurs semblent sceptiques, ils n'ont toujours pas recommencé à investir.

Pourquoi cette défiance des entreprises ?

Sans doute parce qu'elles attendent de voir se concrétiser le troisième pilier de la relance. Shinzo Abe a promis des réformes structurelles pour débloquer le marché de l'emploi, en encourageant l'immigration, le travail des femmes. Il a aussi promis de libérer le crédit, en gros de déréguler l'économie. Il précisera le mois prochain le contour de cette stratégie de croissance.

L'exercice est périlleux, car il faudra beaucoup de doigté politique pour convaincre les Japonais d'accepter ces réformes. C'est pourtant une étape cruciale pour la réussite de son plan. La dévaluation du yen ne suffira pas à ranimer l'économie nippone, elle pourrait même se révéler contre-productive en provoquant les pays voisins.

Conséquences désagréables pour les pays voisins

La Chine, mais aussi la Corée ou encore Taiwan, ces pays sont des concurrents directs des Japonais et la dévaluation du yen les fait tous souffrir. Pour le ministre sud-coréen des Finances, la remontée du won face au yen est plus préoccupante que le lancement éventuel d'un missile par la Corée du Nord.

Combien de temps ces pays supporteront-ils sans broncher de perdre des revenus en valeur à cause de la planche à billet japonaise? L'arsenal des représailles à leur disposition est large : ils peuvent déclencher une guerre commerciale, ou se passer des investissements nippons, ou tout simplement faire eux aussi de la dévaluation, ce qui anéantirait une bonne partie des premières retombées positives de l'Abenomics.

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