En faisant porter le chapeau au reste du monde plutôt qu'au gouvernement actuel, qui ne serait responsable du marasme que pour 34% des sondés, les Français démontrent qu'ils ont bien compris à quel point la globalisation a modifié la donne économique. Les difficultés de l'hexagone s'inscrivent effectivement dans un contexte international sur lequel Paris n'a pas vraiment prise.
La France compte aujourd'hui sur la reprise américaine pour faire repartir son économie. Premier point indiscutable: c'est en partie parce que nos voisins n'achètent plus nos produits que notre économie est à l'arrêt. Les échanges intra communautaires représentent 60% du commerce extérieur français. Deuxième réalité européenne: la concurrence de plus en plus agressive sur le marché du travail.
Le plombier polonais siphonne les emplois français
C'est une caricature qui date de 2005-2006, elle a été inspirée par le directive Bolkenstein qui a libéralisé le marché des services au sein de l'Union. et c'est devenu une réalité car cette directive a surtout permis de développer ce que les sénateurs français ont dénoncé dans un rapport publié il y a quelques semaines: la fraude au détachement. Ils estiment que 300 000 emplois ont été créé de cette façon.
De plus en plus d'ouvriers, souvent en provenance des pays d'Europe de l'est, mais pas seulement, travaillent légalement en France en étant payé en-dessous du smic par une société basée dans un autre pays de l'Union. Il y a même des français employés par des sociétés basées au Luxembourg, un pays plus clément sur le plan fiscal. Ces emplois à bas coût constituent bien une concurrence défavorable aux entreprises localisées juridiquement en France.
C'est une forme de dumping social
Et ce n'est pas la seule. L'Espagne a fait baisser les salaires, et augmenter la flexibilité des ouvriers pour regagner en compétitivité. Les coûts salariaux ont reculé de près de 10% depuis 2008 tandis qu'ils ont augmenté de 5% en France pendant la même période selon l'institut Coe-Rexecode. A l'avenir les constructeurs automobiles pourraient préférer le site ibérique au site France pour l'ouverture de nouvelles usines. Voilà donc une autre pression externe qui fait souffrir la France.
Si la cause est à l'extérieur, le sursaut peut cependant venir de l'intérieur en faisant les réformes pour s'adapter à cette concurrence exacerbée, c'est le voeu de la commission de Bruxelles et de l'Allemagne. Avec un risque: cette course au moins disant salarial frappera les Français au porte feuille, or la baisse historique du pouvoir d'achat des ménages français a accentué la récession. La solution est peut-être dans la synthèse, européenne, avec l'harmonisation fiscale, une proposition pas vraiment d'actualité à Bruxelles.