L'Égypte fait la fine bouche devant le blé français. Le blé de l'Hexagone, très arrosé avant la récolte, est jugé trop humide cette année par l'importateur public égyptien, plus regardant à la dépense. Le dernier appel d'offres est passé sous le nez des céréaliers français, ce sont les Russes et les Américains qui l'ont emporté.
Cette période de l'année est pourtant « la » période la plus faste d'habitude pour le blé français, lorsque l'offre mondiale se raréfie et que les ports de la mer Noire sont pris dans les glaces. Mais cette année, les Égyptiens ont pléthore de propositions étant donné l'abondance planétaire de blé. Pourquoi s'embarrasseraient-ils d'un blé français mal séché, qui pour le même volume donnera moins de farine, et un taux inférieur en protéine.
Le blé coté à Chicago n'a jamais été aussi peu cher depuis trois ans et demi. Le blé américain reste donc abordable pour l'Égypte, malgré le coût du transport ; quant à la Russie, il lui reste encore pas mal de blé à exporter ; l'Ukraine aussi se débrouille pour faire sortir du pays ce qui reste, malgré la rudesse de l'hiver. L'Égypte a donc encore accès à cette période de l'année au blé de la mer Noire, devenu son favori parce qu'il est moins cher et que la qualité s'est améliorée d'année en année. Les Égyptiens lorgnent aussi vers l'Inde où la récolte a été très abondante : selon les analystes de FinanceAgri, le Caire serait en train d'inclure dans son cahier des charges le blé indien, qui a l'avantage d'être lui aussi plus sec que le blé français !
Retrouver la faveur de l'Égypte sera difficile pour la filière blé française. Les plus pessimistes estiment que la France n'exportera plus un grain d'ici la fin de la campagne. D'autres encouragent les céréaliers français à sécher rapidement leur blé avant de l'expédier au port - même si cela doit leur coûter très cher -, pour conserver le client égyptien, premier importateur de blé au monde.